PAR LE GROS TEMPS
Un poème de Charles Trenet
Par le gros temps les garçons harnachés de nuages
Courent devant la mer qui rit de leurs ébats
L’œil inquiet le soleil surveille sur la plage
Un brouillard de lessive où deux anges sont là.
Le front d’un casino pour pigeons voyageurs
Méprise l’océan qui fuit dans sa marée
Laissant à nu son cœur, son cœur de maraudeur
Où dorment les secrets d’épaves digérées.
De quoi vous ont servi les larmes et les fêtes,
Jeune homme, à qui l’oiseau sur la porte-fenêtre
Disait que désormais tout allait se ternir ?
Il volait dans le ciel la couleur des tempêtes
En écrivant des noms pour me faire mourir.
Ah ! que ne suis-je encore un oiseau de collège
Que n’ai-je mes quinze ans pour voler et courir
Que n’ai-je mes leçons de solfège
Que n’ai-je la neige du passé qui garde l’avenir.
Charles TRENET
Pour la dernière de « La Chance aux Chansons », émission quotidienne sur France Inter, animée par Arnaud Monnier, de janvier à juillet 1969, tous les matins de 7h45 à 8h00,