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LES GRANDS MOMENTS - 8 : 1971, CHARLES TRENET A L'OLYMPIA...
le 01 Août 2013 - 12:02
Charles et la chanson ou LE TRIOMPHE DE LA QUALITÉ
Par Elisabeth Duncker

L’OLYMPIA, UN GARAGE ?

« L’Olympia, c’est un garage », avait proclamé Charles dans une interview avec Christian Brincourt (voir « CHARLES TRENET À GABARRET).
N’empêche qu’il s’y produisit en 1971, événement qui ferait couler beaucoup d’encre.

Et voici ce que Richard Cannavo affirma dans ses nombreuses éditions sur Trenet :
Apres une longue, une interminable absence (sic), Trenet revient lancer un formidable défi à tout le métier et au public. Comme l’écrit Antoine Colletta dans le « Journal du dimanche » du 2 mai 1971 :
A 58 ans, Charles Trenet va tenter le plus fantastique come-back de l’histoire du music-hall, après quinze ans d’absence(re-sic), il va faire sa rentrée à l’Olympia. Un véritable one-man show, avec tout le courage et tous les risques que cela comporte…


Et Guy Silva dans « L’Humanité » du 10 mai 1971, de gaffer à son tour :
On avait placé Charles Trenet sur un piédestal de super champion de la chanson. Lui avait une folle envie d’en descendre 14 années après son dernier passage sur une scène parisienne…(re-re-sic).



D’abord, il n’était pas question que Charles fasse ici à l’Olympia un One-man show – du moins pas encore – il assura la seconde partie de la soirée (en première partie, un spectacle de variétés avec en vedette américaine Jacqueline Boyer).
Et ensuite, ces messieurs Colletta, Silva et Cannavo semblaient avoir oublié que Charles, pendant 15 ans, n’était pas resté les bras croisés et que depuis son passage à l’Olympia en 1956 (voir « Les Grands Moments – 3 »), il s’était produit à Paris régulièrement. Son dernier passage datait de 1969, au Théâtre de la Ville, où il avait chanté pendant tout un mois à guichets fermés. Et n’oublions pas ses longs « séjours », en 1969 et 1970, au cabaret « Le Don Camilo », dont les journalistes/biographes semblent ignorer jusqu’à l’existence.
Toujours est-il que sa rentrée à l’Olympia, le 7 mai 1971, serait extrêmement bien préparée, tant à la radio qu’à la télévision.

Déjà, dès décembre 1970, il fut l’invité de Claude Belair sur France Inter dans “TSF 70”, avec des témoignages de notamment Salvador Dali et Edmond Bory, directeur du Grand Hôtel à Marseille, qui, en 1937, lança le “Fou chantant” .

Ensuite, le 24 décembre, Gérard Sire, auteur de tant de jolis récits, disparu prématurément en novembre 1977, présenta, également sur France Inter, deux contes : Le rêve de Pierrette et Adolphe le crapaud, écrits par Mme Trenet et racontés par son fils et elle-même.
Puis, en mars 1971, toujours sur France Inter, il fut “l’invité permanent” des Lève-tôt du dimanche, animé par François Besins. Et Europe 1 lui consacra la série de Robert Wilar et Marie-France Rivière : Moi, j’aime le music-hall.

Parmi ses nombreuses apparitions à la télévision, citons celles dans «Discorama» de Denise Glaser et dans «Le cabaret de l’histoire» de Guy Breton, où il interpréta exceptionnellement Où êtes-vous allées mes belles amourettes de François Ier.

En décembre 1970 aussi était sorti son deuxième 45-tours chez CBS, avec Le revenant et Au bal de la nuit, enregistrées avec l’orchestre de Claude Bolling, le tout premier fut – rappelons-le Il y avait des arbres couplé avec L’oiseau des vacances.


En février 1971, après avoir reçu au MIDEM à Cannes un trophée le récompensant pour ses trente années de succès, il roda son tour de chant au Théâtre 140 à Bruxelles, et le 6 mai, José Artur le recevait au «Pop-Club», en direct depuis Asnières, où se tenait la 4ème convention de CBS.

José Artur :
Nous sommes dans un ancien terrain vague devenu une très belle manufacture de disques avec un énorme chapiteau ce soir, il y a des tapis rouges parce que c’est un soir de fête. Nous sommes entourés de tous nos confrères de la radio, il y a Europe 1, RTL, Monte Carlo, tout le monde est là et nous avons vu un show CBS avec un catalogue absolument éblouissant.
Je me trouve à côté de Charles Trenet ; il est un peu la raison de ma visite ici. Je ne vais pas employer tous les vieux poncifs qu’il entend tout le temps, que sans lui il n’y a pas de chanson française, que ceci, que cela – car pour moi, Charles Trenet, c’est Charles Trenet et il vaut le voyage jusqu’à Asnières et même jusqu’à Narbonne.
Charles Trenet, vous venez de refuser l’odeur d’une cigarette de quelqu’un qui fume au-dessus de vous. Est-ce que c’est tout le temps ou est-ce que c’est la veille d’un jour de Première ?

Charles :
Non, c’est surtout ce soir. Parce que si vraiment je veux me montrer digne de l’intérêt que me portent les spectateurs demain, il faut tout de même qu’il me reste un petit peu de voix. J’ai répété toute l’après-midi, ça fait quand même 5 heures de répétition et vous savez ce que c’est quand on a la gorge un peu fatiguée, mais je n’ai rien contre les cigarettes.

Charles Trenet, vous êtes à la veille d’un jour important pour vous. On a l’impression que vous avez encore quelque chose à prouver...
- Je voudrais me prouver que je peux encore faire quelque chose, que j’existe vis-à-vis du public. C’est très important pour moi, parce qu’on m’a situé ces derniers temps sur une espèce de piédestal, et ça va me donner l’occasion de voir un public nouveau qui verra bien que je ne suis pas une statue, que je descends de mon socle tout simplement et que je suis bien vivant ! Je reviens tout naturellement, sans chiqué, sans histoires de vedette, sans rien, et je m’adresse de tout mon cœur à tous les publics.

- Nous allons écouter en avant-première Fidèle, chanson phare de votre nouvel album qui vient de sortir…
- C’est un 33 tours qui comporte 12 chansons nouvelles, et sur ces 12 j’en ai mis 9 à l’Olympia. Le reste, ce sont des choses beaucoup plus pour le disque que pour la scène, mais enfin c’est déjà pas mal d’arriver avec 9 chansons nouvelles.

Charles, c’est une question qui me brûle les lèvres : avec ce que vous représentez, avec ce que vous êtes, avec ce que vous avez, expliquez-moi votre état d’âme demain vers neuf heures du soir. Comment cela se manifeste-t-il, vous êtes nerveux ? Est-ce que vous avez le trac, pour employer ce mot affreux ?
- Oui, bien sûr, tous les artistes ont le trac. Mais ça ne me paralyse pas, c’est une espèce d’angoisse. Quand j’ai débuté, je n’avais pas peur, parce que je n’avais rien à perdre. Mais maintenant qu’un certain public m’a fait l’honneur de s’intéresser à moi, j’ai toujours un petit peu peur de le décevoir, de ne pas être à la hauteur. Voilà. Et voilà pourquoi il faut penser un beau jour à s’arrêter, à partir en beauté et faire autre chose...



« J’AI PEUR D’ÊTRE DÉMODÉ »
« Paris-Jour » du 6 mai 1971

Le grand monsieur blond est de retour. Charles Trenet sera, à partir de demain, la vedette de l’Olympia. Il va y retrouver, bien sûr, ses fidèles. A travers trente ans de chansons, Trenet s’est fait le compagnon de nos parents. Mais aujourd’hui Trenet veut surtout devenir le copain des enfants de ses fans d’hier.
Ça ne va pas être facile, dit-il. Les jeunes sont sévères. Je ne sais trop comment ils vont réagir. J’ai bien peur qu’ils me trouvent démodé.
Démodé Trenet ? Assurément non ! Les chansons de ce poète hurluberlu sont hors du temps, hors d’époque, immuables comme la fleur bleue qu’il cultive dans son jardin extraordinaire.

Les jeunes ? Il en parle beaucoup, monsieur Trenet. Ça le tracasse, l’inquiète.
Il faut leur dire qu’il y a encore de la joie et du bonheur. Ils affichent une tristesse extérieure déroutante. Seuls, les hippies ont l’air heureux. Ils sont colorés, déguisés comme pour le carnaval.

Charles Trenet est assis sous les tilleuls de la « Villa Médicis » à La Varenne dans un parterre de fleurs… artificielles. Les pommettes roses, l’œil rond, on imagine assez bien, en le voyant ainsi, le « fou chantant » qu’il fut en 1938 à l’A.B.C. Aujourd’hui à 58 ans sa silhouette s’est un peu épaissie. Il affiche pourtant une grande forme.
A La Varenne, Trenet travaille dans le calme :
- Je ne veux pas fatiguer ma voix avant le jour J. Je répète du bout des lèvres comme une prière.

Le trac ?
- Ce n’est pas le public qui me fait peur. C’est moi qui crains de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attend de moi. C’est très important, l’Olympia. Ce fut le temple des yéyés et des idoles électriques, il ne faut pas l’oublier. J’ai la chance de succéder à Jerry Lewis et Myriam Makéba. Le public désire peut-être maintenant entendre chanter en français.


Trenet et la chanson engagée. Vous n’y avez jamais songé ?
- Non, sincèrement. J’aime mieux laisser cela aux autres. J’ai préféré le tonique au désespérant. Et puis, en définitive on dit peu de chose dans une chanson quelque soit le sujet que l’on aborde. La chanson a ses limites.

On dit parfois que vous êtes un personnage à l’eau de rose ?
- Je suis violemment contre la sentimentalité bébête des cartes postales. Je me suis toujours défendu contre le sirop d’orgeat.

Trenet toujours jeune. Quel est le mystère ?
- Je ne cultive pas le côté éternel jeune homme. Ce n’est pas un rôle de composition. C’est surtout une question de caractère. Je ne suis pas sorti de l’enfance. On a toute la vie pour être jeune. Et si on veut s’en donner la peine on a toujours ses vingt ans.



«JE SUIS EN DEHORS DU TEMPS »

La soirée de la première fut retransmise en direct sur Europe 1 et commentée par Roger Couderc qui, dans la loge, eut ce court entretien avec lui.

Vous êtes un peu énervé, Charles ? Vous avez le trac ? Pas du tout ?
- Non, j’ai perdu ma liste des chansons. Elle est peut-être dans la valise…

Vous avez tout de même un peu le trac, non ?
(Charles rit) : - A force de le dire vous allez finir par me le donner !

Cela fait combien de temps que vous n’êtes pas passé ici à l’Olympia ?
- Ça doit faire 14 ans cette année que je n’ai pas chanté à l’Olympia qui est la plus grande scène de Paris. Il y a 3 ans, j’ai chanté au Théâtre de la Ville qui est une belle scène aussi, mais enfin dans un grand music-hall il y a bien 14 ou 15 ans…

Et pourquoi ce retour, c’est un moment qui correspond à une nécessité ?
- Je ne sais pas si ma venue à l’Olympia correspond à une nécessité, mais ça correspond à une certaine demande du public, étant donné que le directeur Bruno Coquatrix m’a demandé de venir. Mais je ne pense pas que ce soit une grande nécessité.

Charles Trenet, depuis les années 37 je connais presque toutes vos chansons par cœur comme tous ceux de ma génération. N’avez-vous pas l’impression que pour apprécier complètement vos chansons, il faut avoir connu cette période d’avant-guerre ?
- Je crois que mes chansons sont situées un peu en dehors du temps. Je n’ai pas fait en 1938 des chansons comme on les faisait à cette époque-là. Ecoutez le répertoire que l’on chantait en ’38, vous verrez que ça n’a aucun rapport avec le mien. Je suis un peu en dehors du temps, si l’on veut, mais tout de même je fais partie de mon siècle. Je ne suis pas d’une époque, et c’est peut-être pour ça que mes chansons intéressent encore des gens, parce qu’elles sont surtout très sincères.

Une dernière question. Est-ce que le problème d’être compris et admis par les jeunes vous travaille beaucoup ? Est-ce que vous aimeriez avoir les jeunes avec vous ?
- Oui, bien sûr. Du reste c’est un mot de Matisse. Matisse disait : « En art - je veux dire en peinture - on n’est jamais compris, on est admis. » Eh bien, moi, je préfère être compris.



LE GRAND, L’UNIQUE, LE MAGNIFIQUE CHARLES TRENET

Accompagné par le grand orchestre de Caravelli avec, aux deux pianos, Freddy Lienhart et Roger Pouly, Charles faisait un tour de chant de vingt-cinq chansons - et à cette première vingt-neuf même ! :
1) Fidèle, 2) Chante le vent, 3) Les chiens loups, 4) Un jour j’irai (titre supprimé par la suite) ; 5) Rachel dans ta maison, 6) L’oiseau des vacances, 7) Au bal de la nuit, 8) L’abbé à l’harmonium, 9) Le revenant, 10) Il y avait des arbres, 11) Kangourou, 12) Où sont-ils donc, 13) Implorante la Plante, 14) La famille musicienne, 15) Que reste-t-il de nos amours, 16) Mamzelle Clio, 17) La tarentelle de Caruso, 18) Boum, 19) La folle complainte, 20) Le jardin extraordinaire, 21) L’héritage infernal, 22) Le soleil et la lune, 23) La romance de Paris (plus tard remplacée par Revoir Paris) ; 24) La mer, 25) Y a d’la joie, 26) Je chante, 27) L’âme des poètes, 28) Moi, j’aime le music-hall, 29) Douce France.

Ce fut une soirée sans précédent avec, aux tout premiers rangs, la plus belle brochette de vedettes dont on puisse rêver : Tino Rossi, Charles Aznavour, Annie Cordy, Maurice Ronet, Michel Simon, Alain Delon, Jean-Pierre Aumont, Eddie Barclay, et quelques metteurs en scène, Claude Chabrol, Jean-Pierre Melville, Marcel Carné, tout un parterre de rois, de rois de vedettes pour Charles Trenet que l’on attendait avec impatience.


C’est un Trenet tout à fait décontracté que Bernard Deutsch de France Inter rencontrait juste quelques instants avant son entrée en scène :
Charles Trenet, le fait de vous produire ici devant un parterre aussi prestigieux, ne va-t-il pas particulièrement vous effrayer ?
- Oh, effrayer, non. J’aurais été beaucoup plus effrayé si la salle avait été vide, mais j’ai vu une bonne salle pleine, où je ne compte que des amis, et des invités bien sûr aux premiers rangs. Mais aussi beaucoup d’amis inconnus qui ont payé leur place. Parce qu’en général on a des Premières sur invitation uniquement. Moi, j’ai préféré démarrer devant la presse, devant tout le monde, avec un public payant aussi, pour que vraiment les journalistes voient la véritable émotion d’une Première …


Et Roger Couderc(*1) de s’exclamer à l’antenne d’Europe 1 :

Le grand, l’unique, le magnifique Charles Trenet ! Le même élan, le même dynamisme, des chansons immortelles et combien poétiques, des chansons qui ont bouleversé notre jeunesse – un public enthousiaste, conquis. C’est tellement français ce qu’il fait. Il a toujours vingt ans et ce soir plus que jamais. Le public, debout, ne l’applaudit plus, il lui rend un hommage. Il rend hommage à un grand monsieur, au plus grand de la chanson française... Vraiment, c’est une soirée inoubliable qui restera longtemps dans notre mémoire.

Et la nuit même, Danièle Heymann vint dire son ravissement au micro de José Artur :
On a assisté à quelque chose d’exceptionnel. Toujours jeune, toujours fidèle à lui-même, Charles Trenet a triomphé merveilleusement ce soir à l’Olympia avec ses chansons magnifiques que nous connaissons depuis si longtemps, et puis des nouvelles chansons tout aussi merveilleuses. Il n’y avait rien de comparable à l’enthousiasme du public...

Que de compliments ! Et, dès le lendemain matin, on livrait sur Europe 1 le commentaire suivant :
Charles Trenet devait chanter vingt-sept chansons, mais devant l’enthousiasme délirant du public, il ne pouvait vraiment pas faire autre chose que de chanter encore «Douce France » et « Moi j’aime le music-hall ». Et même après ces deux dernières chansons, le public réclamait et remerciait toujours Charles Trenet, tout ça dans un délire et une folie indescriptibles. Ce fut une première dont on se souviendra très longtemps...

Tandis que Pierre Bouteiller dans son «Magazine» sur France Inter proclamait :
On en a eu le souffle coupé. C’est un grand bonhomme. C’est le plus grand. Et il n’a pas misé seulement sur la facilité en chantant ses chefs-d’œuvre, enfin, les choses connues de tous, mais il s’est payé le luxe de présenter aussi une dizaine de chansons nouvelles.
Une salle qui criait “une autre”, après avoir entendu vingt-cinq chansons. Les spectateurs ont trépigné pour qu’il revînt, bien que le rideau fût baissé, que les musiciens du grand orchestre aient disparu, la salle rallumée. Il est d’ailleurs revenu et, accompagné simplement des deux pianos, il a chanté sa vingt-neuvième chanson :
Moi, j’aime le music-hall. Mais ce n’était pas terminé pour autant, le public trépignait encore et il vint saluer une dernière fois. Visiblement on l’avait arraché de sa loge, car il portait une serviette autour du cou. Cela a rappelé aux spectateurs de l’Olympia le dernier tour de chant de Jacques Brel, qui, à la fin de très nombreux rappels, était venu saluer en peignoir comme un boxeur. Mais même pour Brel, il n’y avait rien de comparable à l’enthousiasme d’hier-soir.

Que de compliments aussi dans la presse !


LE TRIOMPHE DE CHARLES TRENET À L’OLYMPIA
titrait «Jours de France» en lui consacrant sa couverture.

Le Tout-Paris debout pour Trenet
C’est le retour du grand, de l’immense, du toujours jeune Charles Trenet qui, dès ses débuts, avait chanté : « J’aime la terre, les fleurs, la vie, le ciel bleu. ». A l’Olympia, c’est une haie d’amis d’hier, d’aujourd’hui et de toujours qui sont venus lui crier leur admiration. Mais c’est peut-être pour sa mère, présente à cette merveilleuse fête, que Charles Trenet trouvait ses intonations et ses émotions les plus fines. Celui qui est toujours resté fidèle à l’enfance, à ses paysages, à ses joies, à ses mélancolies a égrené pour elle les perles les plus rares de sa guirlande.



JEUNESSE DE TRENET

Qui est plus fidèle à lui-même que Trenet ? interrogeait Paul Carrière dans «Le Figaro» du 11 mai 1971.
Près de tripler ses vingt ans, il n’a rien perdu de la spontanéité qui marquait ses premières chansons juvéniles, conservant même en scène une certaine gaucherie. Pour notre joie, il rend au public ce qui lui manquait le plus : l’ironie savoureuse, mêlée à une sensible effusion. Quelque chose de plus que le style : la qualité. Et peut-être plus rare encore : la forme vraiment française de la chanson.
Parmi les fans insatiables qui avaient les mains brisées à force d’applaudir, beaucoup de jeunes. A cet hommage formidable que l’on croyait l’apanage des artistes de la nouvelle vague, Trenet a dû être sensible. Cependant, il n’a pas assisté à son plus authentique triomphe. Après un tour de chant mué en récital, à une heure du matin passée, jeunes de tous âges nous sortions ensemble en fredonnant – pour qui pourrait-on faire cela aujourd’hui ? – l’un ou l’autre des dix derniers refrains du fou-chantant : « Il y avait des arbres… » Authentique petit chef-d’œuvre, comme « Fidèle » confidentiel inventaire des petits riens qui font, finalement, l’essentiel d’une vie : l’amitié des êtres et des choses. Surtout assez d’imagination pour donner au réel des couleurs qu’il devrait avoir : celles de l’optimisme et de la poésie.



CHARLES TRENET A TOUJOURS DES AILES
Jacqueline Cartier dans « France Soir » du 10 mai 1971

Pour succéder à la bombe Jerry Lewis, Coquatrix a choisi une vedette qui explose à retardement : Charles Trenet.

Son tour de chant, en principe, se termine à minuit. Mais la salle trépigne toujours. Alors il entame une quinzième chanson, une ancienne :
« Que reste-t-il de nos amours », puis la seizième : « Mam’zelle Clio ». Le public le rappelle sans cesse.
La vingtième c’est
« Le jardin extraordinaire », la vingt-quatrième « La Mer », ce refrain qui a fait le tour du monde et qui aurait suffi à faire la fortune d’un commun mortel.
Je regarde les visages du parterre : tous célèbres, d’Aznavour à Michel Simon, en passant par Alain Delon, Annie Cordy, Régine… mais je vois aussi les anonymes du balcon, ces jeunes visages qui n’étaient pas nés pour
« La romance de Paris » et ce sont ces bouches-là du fond de la salle qui vont commencer à crier : « Merci ! ». Cela veut dire merci pour les chansons de vingt ans, les chansons de toujours, pour « L’âme des poètes »- vingt-septième chanson ! qui en ce moment même transfigure Trenet.

Jamais semble-t-il il n’a aussi bien chanté, il a des ailes au pieds. Il cherche en coulisses le chapeau rond :
«Je chante ». Merci pour les anciennes et pour les nouvelles, merci continue à crier le public. Il est une heure moins le quart du matin. Les spectateurs restent debout, scandant les mercis, enterrant d’un coup la vague yéyé et les chansons idiotes dans lesquelles ont se croyait noyé. On revient à la surface gonflé de poésie et de soleil. On respire. A une heure moins cinq Trenet revient en veste d’intérieur, la serviette autour du cou. C’est vraiment l’au revoir du pape de la chanson française.


UN FEU DE JOIE
André Greiner dans «Le Journal de Metz»

Chanteur de toutes les générations, le fameux « Fou chantant » dont la dernière apparition parisienne remonte à 1969, au Théâtre de la Ville, a soulevé une salle entière, frémissante de réminiscences heureuses. Gratifié de vingt minutes d’applaudissements, après le treizième et dernier rappel, Charles Trenet a battu tous les records de bravos homologués à l’Olympia, selon Bruno Coquatrix. Rarement dans le “métier” on avait assisté à une telle vénération. Dans le temple du music-hall Charles Trenet alluma un feu de joie.


LE TRIOMPHE DE LA QUALITÉ
Philippe Juillet dans « Le Journal du Dimanche »


On l’avait accueilli chaleureusement mais sans démonstration excessive, avec le seul plaisir qu’on éprouve à retrouver un vieil ami à qui l’on doit d’avoir passé bien d’heureux moments.
Ces retrouvailles n’allaient pas sans péril. Revenir en scène, devant la grande foule du music-hall, à 58 ans, lorsqu’on a été un fou chantant, piaffant, piétinant, virevoltant devant son micro, relevait au regard de beaucoup, d’un défi périlleux, où l’homme avait toutes les chances de se rompre les os.
Aux journalistes qui l’interrogeaient ces jours derniers, Charles Trenet n’avait pas caché sa propre angoisse. N’allait-on pas le trouver vieux jeu ? flétri ? démodé ?

On avait écouté poliment la première chanson
« Fidèle », la seconde, « Chante le vent », la troisième : « Les chiens-loups ». Et puis voilà qu’il attaque la sixième chanson : « Rachel » (N.D.L.A. : C’était la 5ème ; la 6ème étant L’Oiseau des vacances) et que brusquement tout changeait. Il semblait que l’Olympia vacillait, qu’un grand courant d’air chaud balayait la salle, que l’homme en face de nous se métamorphosait, se transformait sous nos yeux, retrouvait les couleurs, la fraîcheur, la fantasmagorie des vertes années. Comme l’on dit : c’était parti.

Transformée, entrée à son tour dans le bain de jouvence, la salle faisait une ovation à
« Rachel » et à son auteur. Alors le miracle prit un autre tour. Paris avait retrouvé Trenet, Trenet courant d’air et rayon de lune, chœur d’oiseaux et poudre aux yeux, Trenet magicien d’un univers fabuleux. Le public n’en finissait pas de se délecter, de jouir, de goûter son plaisir, de prendre en lui-même sa revanche sur les gueulards de la sono, sur les hurluberlus de la pop, sur les petites majorettes en couche-culotte qui pendant si longtemps lui avaient tenu lieu de troubadours. Le vrai troubadour était là, qu’on n’allait pas laisser partir comme ça.
Car Charles Trenet, enfin décontracté, libéré, chantait toujours. On lui redemandait tout :
« Mam’zelle Clio », « La romance de Paris », « l’Héritage infernal », et comme les gens ne cessaient de taper des mains, de taper des pieds, d’obliger le rideau fermé à se rouvrir, deux fois, dix fois, cent fois, c’était encore, détaillée avec une émotion profonde, palpable « L’âme des poètes », puis « La mer », plus bouleversante que jamais en ce soir sans égal, et enfin, « Moi, j’aime le music-hall », chanté comme ça, l’orchestre parti, avec le seul accompagnement des pianos…

Je puis le dire, car c’est la vérité : il y a plus de quarante ans que je vais au spectacle, que j’ai assisté à bien des succès, à bien des triomphes. Je n’ai jamais rien vu de semblable à ce qui s’est passé vendredi soir, ou plus exactement samedi matin, à l’Olympia sur le coup de 0 h. 30, entre une salle fascinée, subjuguée, refusant de quitter ses fauteuils, et l’homme en face, épuisé, brisé de fatigue et d’émotion, porté par le fabuleux feu de joie qu’il avait allumé – et qui n’avait plus qu’un geste pour remercier les auteurs de cette extraordinaire manifestation d’admiration : porter les deux mains sur son cœur.
Ce sont des jeunes qui montèrent les premiers sur la scène pour serrer la main de Trenet et le remercier. Et je ne suis pas près d’oublier ce grand garçon de vingt ans qui, tout d’un coup, se dressa près de moi et hurla, au comble de l’enthousiasme, approuvé par toute la salle :
« Pour Charles Trenet – hip, hip, hourra ! »
Tant il est vrai qu’il n’existe aucune barrière d’âge pour apprécier, reconnaître et saluer cette matière rare qu’on appelle la Qualité.




NOSTALGIE EN BLEU
Danièle Heymann dans « L’Express » No. 1036 du 17 mai 1971

T comme triomphe. T comme Trenet. Y a d’la joie à l’Olympia. Pourquoi ? Pour qui ? Pour un jeune homme de 58 ans, pour un citoyen poète qui célèbre une messe chantante, charmante et oecuménique, la messe de réconciliation des générations. Trenet 71, c’est la panacée contre la morosité, c’est le symbole de la pérennité, et le public qui l’applaudit, paumes brûlantes de reconnaissance, s’applaudit de l’applaudir et s’émeut de s’émouvoir.

A la veille de son retour à l’Olympia, Charles Trenet, pourtant, s’inquiétait. S’interrogeait.
« M’aime-t-on encore ? Je suis comme un condamné devant ses juges. » Puis, corrigeant : « Non, plutôt comme un accusé. » Puis souriait : « Non, finalement, comme un prévenu ! » Le prévenu n’a pas seulement été acquitté, il a été plébiscité.
Charles Trenet ajoute :
« Je n’ai jamais travaillé. Je ne sais pas. Mes chansons sont des brouillons. »
Il vient de produire douze ravissants brouillons nouveaux que l’on retrouve sur un disque (CBS S 64383).





DU DÉLIRE, DE LA FOLIE…

« Le Monde » du 9 mai 1971 publiait ces lignes signées Claude Sarraute :
On n’avait jamais rien vu de pareil à l’Olympia, sinon peut-être pour les débuts de Bécaud ou les adieux de Brel. C’était du délire, de la folie : à 1 heure du matin on en redemandait encore. Sous les applaudissements hurlés, scandés, trépignés même, le chapeau était revenu, auréolant de neuf le teint vermeil, la chemise bleue, la cravate blanche et l’œillet rouge.

Dos rond, genoux ployés, de guerre lasse, nous avons quitté nos places un peu avant la fin – au train où cela allait, c’était parti pour durer jusqu’à midi – quand au niveau du promenoir une réflexion nous a incité à nous retourner :
« Ce n’était pas croyable ! »
Ce n’était pas croyable, en effet. Vu de loin, il n’a pas changé d’un brin d’herbe, d’un brin de paille. Vu de près, si le visage poupin, toujours casqué de blond poussin, s’est à peine épaissi, le regard est passé du bleu ciel au bleu acier et sous cette mer de fantaisie vagabonde, on sent affleurer les récifs profondément enfouis d’une enfance trop vantée pour n’avoir pas été mal vécue, mal aimée. Charles Trenet trouve là son juste poids, sa mesure exacte.

C’est par cette brèche, par le regain du jazz aussi que la jeunesse d’aujourd’hui pourra s’introduire dans ce monument historique et s’y sentir à l’aise. C’est ce mélange d’eau vive et d’eau profonde, de bonheur affiché et de malheur deviné, qui donne à son tour de chant la charge explosive d’une bombe à retardement. Bien sûr, on peut ignorer l’orage pour se chauffer au soleil radieux d’un soir qui se dit d’automne mais qui se sent d’été. On peut aussi trouver que pour mériter, au temps du pop, le surnom de fou chantant décerné au temps du scat, il faut avoir du génie. Dans son cas et dans son domaine, qu’il aime à qualifier de mineur, non, le mot n’est pas trop fort.
N’est-ce pas extraordinaire, en effet, d’arriver à se situer comme lui et à la source et à l’embouchure de toute la chanson française ?



Léo Treich dans «Le Soir» (Belgique) :
On souhaite que Trenet reste tout l’été à l’affiche de l’Olympia et que les touristes aillent l’écouter. On s’y vaporise de bonne humeur et de joie de vivre.



CHARLES TRENET REMET LE BONHEUR À LA MODE
« Elle» No. 1331 du 23 juin 1971


Pascal Thomas a cherché ce que signifie aujourd’hui le succès extraordinaire de cet homme de cinquante-huit ans qui chante toujours « Douce France, cher pays de mon enfance… » et qui a raison de le chanter.
Charles Trenet a chanté pendant trois semaines devant les salles combles de l’Olympia. Sans exagération, son succès a pu être qualifié “d’historique” par son ampleur et surtout par son public principalement composé de jeunes.

La poésie c’est l’art de rêver


La « Douce France » que vous avez chantée est en train d’en prendre un coup. L’environnement de demain, qui se construit en bulldozer et à la pelleteuse hydraulique, selon les rigueurs de la technocratie, manquera d’humanité sinon de poésie. Les générations de demain n’auront pour jardin extraordinaire que les quelques arbres qui voudront bien encore pousser sur les parkings souterrains. Chaque jour disparaît un peu de l’atmosphère poétique dans laquelle sont nées vos chansons. Comment pensez-vous qu’elle sera remplacée ?

- La poésie est partout. C’est un regard. Il n’y a pas de choses extraordinaires, il y a des personnes qui savent voir dans les choses du fabuleux. J’ai cherché une définition de la poésie et je me suis arrêté à celle-ci : la poésie c’est l’art de rêver. Et on ne fait pas toujours de beaux rêves. Il y a des cauchemars aussi. C’est nécessaire. La poésie peut se passer de la beauté. C’est le poète qui fabrique la poésie. Peut-être même qu’elle n’existe pas, ce qui existe ce sont les poètes. Alors est-ce que le poète est un homme qui émet des ondes poétiques ou est-il celui qui les reçoit ? Je n’en sais rien. C’est une disposition de l’esprit. Alors, ce qui nous paraît aujourd’hui sans âme, comme ces immeubles qui s’étirent un peu partout, ou ces autoroutes, semblera demain, à un jeune homme né parmi ces choses, plein de beauté.
Je ne dis pas que cela soit vivable. Je suis monté une fois dans un de ces immeubles qui se trouvent près des quais à Paris. La vue y est magnifique, mais pas meilleure que celle que l’on a du deuxième étage de la tour Eiffel. Et je n’y vivrais pas une demi-heure. Un appartement est fait pour être habité. On ne vit pas avec un panorama – on rêve. Il me vient d’ailleurs l’idée d’une chanson qui dirait : « Ne rêve pas, vis la vie telle qu’elle est et tu verras, il y a un enchantement, un enchantement du réel. »

C’est un conseil qui devient courant depuis quelque temps. Mais n’est-ce pas trop tard ?
- C’est peut-être mal parti, mais il n’y a aucune raison de désespérer. Il y a les technocrates en ce moment. Les révolutionnaires demain. De toute façon, la vie reprendra le dessus. Enfin, je l’espère. Il suffira de ne pas laisser à certains gouvernements et à certains individus prendre trop d’importance. Apprendre à ne se laisser donner des ordres par personne et ne pas perdre de vue les choses naturelles et le fait d’être heureux de vivre. Simplement ça.
Ce bonheur existait autrefois à une époque où il n’y avait pas toutes les lois sociales que nous connaissons. Vous n’allez pas me dire que ce sont les lois sociales qui ont corrompu les gens, cela leur a apporté, au contraire, un grand bien-être. Mais depuis qu’elles existent, ils ne font que rouspéter. Ils ont perdu le point de vue du vrai bonheur.

Êtes-vous complètement tourné vers le passé ?
- Non, pas vraiment. Disons que j’y suis relié. Je m’y réfère non pas comme à quelque chose d’absolu mais comme à un mètre étalon.


L’homme aujourd’hui ne sait plus rêver


Comment imaginez-vous les années à venir ?
- Je pensais que les gens seraient heureux. Je pensais à vingt-cinq ans que le progrès allait faire le bonheur de tout le monde. On n’a pas su s’en accommoder. Il a fait, au contraire, oublier le plaisir qu’un homme pouvait avoir en ses activités simplement humaines, l’homme aujourd’hui ne sait plus marcher, ne sait plus manger, ne sait plus regarder, ne sait plus rêver.



Puisqu’on veut bien faire de l’éducation sexuelle, il est temps de faire de l’éducation purement humaine, à travers une philosophie axée sur le bonheur. Et s’il faut passer par les modes, pourquoi ne lancerait-on pas la mode de la bonne santé, de la bonne humeur, du plaisir de vivre ? C’est peut-être d’ailleurs ce qui se passe. Dans mon petit domaine, les gens semblent s’être ressaisis avec moi, en venant m’écouter, comme les gens qui en ont assez de leur drogue décident de retrouver leur santé.

J’ai chanté « Y a d’la joie » parce que la joie était en moi. Dans une époque extrêmement angoissée, les gens se sont dit : « Après tout, pourquoi ne serait-on pas joyeux ? » Mais au lieu de leur donner du courage, cela leur a donné de l’insouciance. Je ne sais pas si cela a été tellement bénéfique.

Même si je trouve certaines choses déplaisantes, si je vois des gens tristes, toute une génération accablée par la mélancolie, je n’arrive pas à me mettre sur les rails du pessimisme contemporain.

Aujourd’hui je vois partout, dans les journaux, à la télévision, dans la chanson, dans les gouvernements, des gens chercher comme des forcenés à plaire sans prendre de plaisir. Lorsque je chante, lorsque j’écris, je cherche d’abord à être heureux. Après, je communiquerai ce bonheur ou je ne le communiquerai pas. Cela prendra ou cela ne prendra pas. Ce n’est pas le plus important. Si les gens parlent tant de tristesse, c’est qu’ils la cultivent en eux. On sort d’une période (j’espère qu’on n’y entre pas) où l’on a baigné les gens dans l’idée d’insatisfaction. Cela a donné d’un côté le parti de ceux qui refusent tout, de l’autre ceux qui suivent n’importe quelle mode.

Le bonheur s’est réfugié à la télévision, sur l’antenne de publicité. On n’y voit que des gens heureux parce qu’ils ont la machine à laver ou telle lessive. Voyez cette femme, son mari la trompe peut-être, mais elle s’en fiche puisque les chemises qu’elle lui lave sont plus blanches que celles du mari de la voisine. On finit par croire qu’il n’y a rien d’autre qui compte. On oublie qu’il y a des choses plus importantes et que ce sont celles-là mêmes qui ne coûtent rien. Regarder, aimer, penser, discuter, flâner, rêver, se révolter aussi. Il ne faut pas perdre de vue qu’il faut une vie intérieure. C’est une des bases du bien-être. Avoir un point de vue, ne pas être des moutons, c’était pourtant dans le tempérament français que d’avoir des idées à soi ? Or on va maintenant les chercher à l’étranger, les auteurs comme les hommes politiques. Même les anarchistes qui se groupent pour se faire entendre. N’est-ce pas curieux, tous ces groupements où personne ne connaît personne ?

Il faut bien que plusieurs personnes pensent et rêvent de même pour qu’un chanteur ait un public. Sinon, il serait tout seul sur scène devant une salle vide…
- Deux heures à écouter ensemble le même chanteur ne détruit pas votre individualité. Et puis c’est moins dangereux qu’un départ en weekend où il y a beaucoup plus de monde.


Triste et gai à la fois


Vous dites être toujours gai. Mais vos chansons ne le sont pas toujours, au contraire.
- Il se produit chez moi une chose qui est une réaction chimique sans doute. Je suis plutôt joyeux avec les gens que je rencontre. Mais après, ne serait-ce que pour me reposer, je réfléchis. Je ne chante pas toute la journée. Il ne faut pas négliger tout un côté de la vie qui est son côté grave sous prétexte d’être heureux. Je ne dis pas qu’il faut être gai toute la journée. Il faut être triste et gai à la fois et alternativement, sérieux et insouciant, pas l’un ou l’autre.

Regardez cette mode agaçante dans la chanson. Toujours des amours désespérées. « Elle » est toujours partie. Mais ce n’est pas vrai. C’est une attitude. Lorsque ces gens qui ont chanté la façon dont on les a plaqués sortent, ils disent à leur secrétaire : « Tu convoques celle-là, celle-là ou celle-là pour ce soir. » Ils sont très aimés. Alors pourquoi chanter ça ? Ce serait plus angoissant de dire qu’en face il y avait un chanteur qui, lui, chantait la joie de vivre, le bonheur d’être aimé, mais qui rentrait tout seul chez lui et qui en souffrait peut-être… l’hiver. Et je n’aime pas l’hiver.
Je n’aime pas ce qui se termine. Je n’aime pas les mots de la fin.

(*1) Roger Couderc (1918 – 1984) fut journaliste sportif. Sa spécialité : le rugby. En 1971, il fut également journaliste radiophonique à Radio Luxembourg et Europe 1.


A LIRE PROCHAINEMENT : TRENET, NOTRE PRINCE CHARLES DE LA CHANSON
RÉCITAL À L’OLYMPIA – 1975



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Re: LES GRANDS MOMENTS - 8 : 1971, CHARLES TRENET A L'OLYMPIA...
par Duncker (Envoyez un message) le 15 Sept 2013 - 03:01
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OLYMPIA 71, du 1er octobre 2002
Un reportage de Claude Le Saint, alias Fidel

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