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A Narbonne, dans la maison familiale c'est la panique : Charles refuse tout biberon. Pourtant, à sa naissance, c'était le plus gros bébé de l'année... et voilà qu'à présent il dépérit !
Heureusement tout s'arrange très vite : Jeanne, une robuste catalane au caractère soulevé, est engagée comme nourrice. Le bon lait de son opulente poitrine a tôt fait de redonner de l'appétit et des rondeurs au bambin joufflu.
Et Charles de profiter, de prendre du coffre, d'entraîner ses poumons et d'aiguiser ses cordes vocales.
Il est temps de regagner Saint Chinian, la petite bourgade toute proche où le père de Charles, a son étude de notaire. Dans la grosse bâtisse aux murs épais, toute la petite famille s'y retrouve autour du nourisson qui vient d'avoir 2 mois : Marie-Louise, sa maman, Lucien, son notaire de père, le grand frère Antoine et l'austère "nounou" à la poitrine réconfortante. Là, sous le soleil radieux de ce village prospère d'un Midi insouciant, une vie paisible s'installe faites de bonheurs simples et d'éclats de rire...
Mais déjà de sombres nuages assombrissent la quiétude provinciale : 1914, c'est la guerre. Puis, tout juste après le nouvel'an 1915, Lucien Trenet est mobilisé. Pour Charles, c'est un double déchirement puisque, du même coup, Jeanne, la "nounou" est congédiée.
C'est dans la tristesse que Marie-Louise et ses deux enfants regagnent Narbonne où la jaune maison familiale aux volets verts les accueille à nouveau. Et puisque tout le monde pense que la guerre sera brève, on imagine que le séjour sera de courte durée ! Et pourtant... "J'étais très mûr, racontait Charles , je comprenais très bien ce qui se passait. Cette guerre de 14-18 m'a paru très longue. J'avais l'impression qu'on n'en sortirait jamais, qu'elle durerait toute la vie. J'étais né dans la guerre. Les premiers mots que j'ai entendus, c'était des mots de guerre". (1966 -"La nuit écoute")
Charles va passer toute son enfance à Narbonne. Cette ville sera la véritable source de ses créations futures, cette terre nourricière dont il gardera toujours une vague nostalgie. La grande maison près du chemin de fer abritera ses rêves d'enfants et le marquera à jamais de son empreinte, lui inspirerant tant de songes, tant de souvenirs qui l'accompagneront sa vie durant : "La voici ma maison, elle dresse sa façade d'enfance, car elle est restée très enfant cette vieille baraque, cette vieille folle pleine de courants d'air, de fantômes et d'armoires à glace mortes. Ses couloirs sont obscurs. Qu'y avait-il au fond de ses placards ? Grand père était-il un assassin ? Avait-il enfermé là ses douze femmes ? Je les ai vues un jour, ces douze femmes de mon grand père. Ce n'étaient que douze vieilles robes pendant sur des cintres. Odeur denaphtaline, et de remèdes pour le coeur, odeur de laurier, odeur du laurier des sauces, véritable utilisation du laurier, odeur indéfinissable de moisi de la chambre de bonne-maman qui menait une vie de vertiges, de repassage et d'eau de mélisse." (1953 )
A suivre ...
Les citations sont extraites de l'excellente biographie de Richard Cavanno, "Monsieur Trenet" (ed. Lieu Commun - Edima, Paris, 1993).
Le court sujet vidéo qui propose quelques images de l'intérieur de la maison natale de Charles a été réalisé par la Mairie de Narbonne.
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