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Le petit Charles n'aura guère eu le temps de connaître ce papa notaire trop tôt parti à la guerre. Un père absent dont il ne connaît que le portrait qui trône sur la cheminée familiale. De 1917 à 1919, le bambin l'idéalisera faisant de lui un héros de la Marne, de la Somme et des Flandres ainsi qu'un ami intime de Joffre, Foch et Guynemeer réunis !
Lucien Trenet était notaire, un notable donc dans une petite cité française des années '20. Pourtant, ce personnage était très éloigné de la caricature austère de sa fonction. Il ressemblait plus au personnage du "Sous-Préfet aux champs" croqué par Alphonse Daudet... D'ordinaire un notaire aux champs mais, par accident et dans les circonstances, un notaire aux champs de bataille !
Excellent violoniste, son rêve aurait été de jouer à la terrasse des cafés. Resté très bohême, il lui arrivait d'oublier les clients qui s'entassaient dans sa salle d'attente tandis qu'il violonait dans le salon. C'était un homme gai, insouciant et talentueux qui composait des sardanes.
Le jeudi et le samedi, il réunissait son petit monde pour faire de la musique en famille. Dans "La famille musicienne" , Charles a raconté ces parties de musique mais le répertoire de ces soirées musicales volait beaucoup haut que ce que son fils relatait dans sa chanson : au programme s'y cotoyaient Brahms, Beethoven, Mozart ou Bach. Alors, la maman, Marie-Louise ou Tante Emilie se mettait au piano, le curé de la paroisse venait avec sa flûte et Lucien dirigeait l'ensemble tout en jouant du violon.
Digne de son poète de fils, Lucien héritait du tempérament artistique d'un père architecte, lui-même figure locale bien connue dans la région. C'était aussi un amateur de bons mots qui n'hésitait pas, lors des fortes chaleurs catalanes, à convier ses visiteurs dans son "étuve de notaire".
Bien plus tard, lorsque son père prendra sa retraite, Charles lui achètera un magasin d'instruments de musique, rue Saint Sulpice à Paris. Sous la direction d'un Lucien, plus préoccupé à jouer du violon dans l'arrière boutique qu' à gérer ses affaires, le commerce s'effondrera assez vite. L'ancien notaire s'orientera ensuite, à la même adresse, à la vente de produits catalans pour finalement tout abandonner et goûter d'une fin d'existence paisible dont, jusqu'au bout, son fils assurera le bien-être.
A suivre ...
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