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par Ann Allnatt
Au mois de mai 2003, grâce à la Ville de Paris et à la SNCF, on a pu découvrir les trains d'autrefois. Cent cinquante années d'histoire ! Ils étaient rangés le long des Champs Elysées, entre la Place de la Concorde et le Rond Point, sous les chataigniers. Il y avaient des locomotives et des wagons de toutes sortes, plusieurs dataient du temps de l'enfance de Charles, et cela m'a fait réfléchir un peu.
Depuis le jour de sa naissance, les trains ont joué un grand rôle dans la vie de Charles, car ils passaient devant sa maison, ces grands trains noirs qui venaient d'un peu partout en Europe pour rouler vers l'Espagne. Au début, leur rythme le bercait. Plus tard, petit garcon, il attendait sur le quai de la gare de Narbonne, pour que le train l'emmène en vacances a Port La Nouvelle. Un autre, méchant, a emporté son papa à la guerre. Un autre, plus méchant encore, a emporté sa maman à Budapest. Mais dans la vie, s'il y a un "au revoir" il y a toujours un "bonjour" et il y avaient également des attentes enthousiastes sur le quai pour le retour de maman.
Aussi, comme il l'a chanté dans Le revenant, c'était en écoutant les trains qu'il rêvait de son avenir, d'un autre ciel, de Paris, de la Tour Eiffel ... de tout quitter et de ne vivre que pour chanter.
Madame Trenet a écrit Les vrais souvenirs de Charles, c'est Narbonne, c'est la grande maison, près de la passerelle... c'est le vent, la poussière, les trains qui passaient sans relâche devant chez nous, faisant trembler l'immeuble et vibrer les vitres.
Dans sa chanson Fidèle, Charles évoque ses plus précieux souvenirs d'enfance, parmi eux ma vieille maison avec sa tonnellerie et près d'la gendarmerie les express. Parmi ces vieux wagons d'autrefois, il y en avait un très curieux. Il consistait d'un plateforme avec deux énormes tonneaux, fabriqués en bois, installés côte à côte. Suivant la légende, il fut fabriqué à Beziers en 1900, pour transporter le vin. J'ai lu que le grand-père de Charles fabriquait des grands tonneaux pour le vin des soldats de la première guerre mondiale. C'est bien probable qu'ils ressemblaient à ceux-là.
On a pu admirer aussi un wagon hospitalier, avec des rangs de brancards, pareil peut-être à celui qui aurait transporté à Narbonne Benno Vigny, ce soldat blessé qui allait changer la vie du petit Charles.
Dans un interview accordé a Claude Chebel, Charles a confié Enfant, en effet, j'entendais le grondement des convois militaires qui montaient vers le front et je me rappelle très bien les wagons hommes-chevaux, j'ai vu cela ... les locomotives, c'étaient mes copines.
Et même si Guy Luypaerts, son ancien pianiste, constate que Charles n'aimait pas les trains, c'est tout de même pendant un voyage en train qu'il a écrit son plus grand succès mondial, La Mer. Il a chanté aussi, sa joie à faire la course avec le train (Je fais la course avec le train - 1943), une inspiration qui lui est venue alors qu'il roulait à côté de la voie du chemin de fer à Juan-les-Pins.
Il s'est même dessiné avec son visage sur l'avant d'une locomotive et des notes de musique qui sortent de la cheminée.
C'est ainsi qu'une petite promenade, au mois de mai, sous les chataigniers de Paris, m'a fait retrouver encore une fois, Charles et ses belles chansons. |
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