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Le Forum des amis de Charles Trenet
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Posté le 1/7/2014 à 10:22

Bienvenue sur ce site, Jean-Pierre !

J'ai effacé votre intervention en commentaires sous un article car elle faisait double-emploi avec ce texte dans le forum.

Trenetement, votre webmaster.




Posté le 28/6/2014 à 16:27

LA SAUDADE DE TRENET
Combien de “folles” rumeurs, toutes plus sulfureuses les unes que les autres ou bien franchement fantaisistes, ont couru sur Charles Trenet ? Sa mort annoncée, par anticipation, dans " Paris Soir "(1940), aux affaires de mœurs ou bien son attitude pendant l'occupation.
Trenet aura séjourné deux fois en prison ! La première fois aux Etats-Unis en 1948. Il fut détenu pendant 26 jours à Ellis Island oú l'homosexualité pouvait être considéré comme une atteinte majeure à la sécurité Américaine.
En 1963, il est détenu à Aix-en-Provence sous le chef d'accusation d'attentats aux mœurs sur la personne de quatre mineurs de moins de 21 ans, son chauffeur de l'époque aurait servi de " rabatteur ".
Après 28 jours de prison, il est libéré les 10 août 1963, l'affaire se terminera par un non lieu, les Aixois lui témoignèrent leur soutien durant sa détention .
Charles Trenet disait qu'il " n'était pas gay, mais joyeux ", et même si l'expression est tristement d'actualité certainement pas pédophile.
TRENET et la guerre
Max Gallo, à l'occasion de sa mort, écrit : " Ce que dit Trenet ce ne sont pas les réalités politiques, ni le front populaire, ni le pétainisme, ni la grève, ni la résistance… Certes TRENET ne fut ni un héros, ni un collabo. Répondant à Arletty qui revendiquait son cul comme international, le sien il le considéra comme national. Il ne succomba donc jamais au charme des blondinets aryen (pendant la guerre). Charles ne se serait jamais marié pour ne pas déplaire à maman, analyse recueillie dans une bio d’un gai luron d’un quotidien de Perpignan. Dans ces conditions nombre de fils à maman resteraient célibataires. Mais que deviendrait alors notre Douce France si tous les vieux garçons versaient dans l’abstinence. Heureusement les hommes convolent avec des femmes. Lire les textes des chansons de Trénet nous apprend nombre de chose sur l’artiste poète. Point besoin de chausser des lunettes roses pour comprendre, il suffit de savoir lire.
Citations : en 1978, avec son air de Sainte Nitouche, Charles glisse dans l’Abbé à l’harmonium : -Il m’invite dans sa hutte/Et me montrant sa flûte/Me dit d’un air gourmand je vous veux bien pour gendre/Mais avant faut apprendre/A jouer de cet instrument
Puis de nous balader dans son Jardin extraordinaire qui fait bigrement penser aux Tuileries de Peyrefitte. Pierre Bénichou, Le Nouvel Observateur, dans un article hommage à Trénet notait avec amusement :
Il chantait : -J’aime mon père, ma mère, la France et le bon Dieu / Et puis les femmes, les femmes, les femmes qu’ont les yeux bleus… lui qui n’aimait que les décorations et les garçons vraiment trop jeunes.
Facétieux Charles ne manque pas régulièrement d’annoncer son mariage avec mesdames : Simone Delamare, Corinne Luchaire et la richissime héritière Doris Duke. En mars 1961 il annonce publiquement ses projets de mariage avec légèreté. L’élue reste inconnue, et de surcroît il hésite entre trois prétendantes.
Le tout folle polygame…de là à considérer qu’il s’agit d’une énième facétie de Charles il n’y a qu’un pas. Pour n’en vexer aucune donc, Trénet ne se maria pas. Logique. Il fut, par contre, fidèle à son jeune chauffeur El Hassidi qui prit comme prénom l’un de ceux de Charles : Georges. Il s’attacha ses services plus de vingt ans et en fit son secrétaire (Charles ne savait pas écrire !) et légataire universel. Charles avait peut être trouvé un fils qu’il ne pouvait naturellement avoir.
Autre correctif, Narbonne son amie ne fut pas d’une amitié indéfectible. Après ses problèmes juridiques avec un mineur et quelques mois à l’ombre, il se promène sur la promenade les Barques ensoleillées. Il a droit à une mini lapidation avec une volée de boules de platanes avec insultes à la clef des plus grossières. Mais Charles n’est pas un mauvais bougre, il restera fidèle à Narbonne et continuera à la chanter, l’ingrate. Il eut de (trop) nombreux petits-neveux qu’il habillait chez Labau.
Lire Trénet. Dans mon imaginaire Grand Charles est né sourire coquin aux lèvres, cette banane adolescente qu’il a conservé, ce bon vivant, cet octogénaire courageusement ass umé. Il est né sous une bonne étoile de maman Marie-Louise l’an de grâce 1913. L’Antoine aîné était sur le berceau pour le parrainer et Louise le pouponner. A 7 ans boom, son coeur fait boom, père Lucien part jouer en solo du violon à Perpignan. Narbonne sera féminine, trop féminine. En mère possessive c’est un gynécée qui cerne le petit et le surprotège. Sa vie durant il en sera marqué au fer rouge. Côté sentimental Trénet ne fut guère souriant. Il est pensionnaire dans un collège religieux à Béziers “l’école était libre mais pas moi” laissera-t-il tomber fataliste. Douloureux souvenir que cette absence maternelle d’un “Petit Pensionnaire”
Nostalgique du bon temps d’antan. Il chante : "Rions encore, comme au temps / Au temps de notre jeunesse / Nous, au temps, n’emporte pas le vent
Pour qui le veut, bien souvent / Les belles images d’antan / Reviennent avec tendresse"

Encore et toujours nostalgique. Dans ses vertes années il broutait la pelouse, après digestion la tendre herbe verte surgit : "J'ai retrouvé l'odeur des pelouses sportives où tombe la sueur des athlètes complets. / Clair dimanche aux couleurs de maillots vert-olive, c'est dans ton souvenir que mon coeur se complaît./ Où perchez-vous, garçons qui sautez à la perche / Dans les stades
du bois, sur les rives du ciel. / Rentrez avant la nuit, vos parents vous recherchent. / Mais gardez de l'azur les élans essentiels ./ Ah ! Que ne suis-je encore un oiseau de collège. / Que n'ai-je mes 15 ans pour voler et courir./ Que n'ai-je mes leçons de solfège./ Que n'ai-je la neige du passé qui garde l'avenir./
Je n'y trouverais pas que ces pelouses vertes, mais les bouchesd'avril et les passions offertes." Trénet 1975
Dans les années trente il fricote à Montparnasse avec Jean Cocteau, Antonin Artaud et Max Jacob. Pendant les Années Noires de l’Occupation, toujours “Fleur bleue” il se rend en Allemagne comme tant d’autres artistes. “Nous on savait, on savait et pourtant on rêvait” confessera-t-il.

13 juillet 1963 boom, bada boom.
Son coeur fait boom-boom. A la suite d’une dénonciation d’un délateur, courageusement anonyme, il est appréhendé en son domaine des Esprits en compagnie de quatre jouvenceaux et inculpé pour outrage à la pudeur et attentats aux bonnes moeurs. Cette magnifique propriété est un petit paradis loufoque à l'image du Maître des lieux. Cette bastide féerique est hérissée de tourelles trois, quatre, cinq parsemée de sculptures en pâtre : un héros grec badigeonné fait un clin d'oeil coquin à un austère moine. Des fleurs en plastoche, recolorisées par le boss sont plantées à droite et à gauche pratique, elles ne nécessitent pas d'arrosage et ne fânissent jamais. L'intérieur est style Louis XVI de très, très mauvais goût. Mais Trénet n'a cure des appréciations des autres. Les goûts et les couleurs n'est-ce pas ! Ce "mauvais" goût va lui coûter cher. Son pote Brassens l'avait averti : les braves gens n'aiment pas qu'on suive une autre route qu'eux.
Outrage à la pudeur ? Galéjade, sa propriété est cachée dans les proches oliveraies d’Aix en Provence et isolée bordurée par l'autoroute du Soleil.

Attentats aux bonnes moeurs ? Ce ne sont pas les quatre jeunes gens qui se sont sentis offensés dans leurs pudeurs vu qu’ils étaient adultes et consentants. Mais des parents, plus soucieux de leurs bourses que de celles de leurs fils trouvèrent là matière à arrondir leurs fins de mois. Le gardien du domaine, un certain Gora, confessa avoir été obligé de recruter des garçons auto-stoppeurs compréhensifs pour des parties d’acrobatie.
Trénet est très soucieux de son corps en haltérophile amateur averti. L'entreprise de séduction démarre traditionnellement par quelques rafraîchissements, pas obligatoirement alcoolisés, histoire de mettre à l'aise les jouvenceaux. Mais ce soir là, sans doute fatigué Charles congédie gentiment ses obligés. Connaissant la célébrité du Chanteur, le lendemain ces lascars cherchent à lui soutirer de l'argent. Chantage. Mais Charles ne se laisse pas abuser et le scandale éclate : la presse se déchaîne et hurle avec les loups : Pédophilie. (Première version)
Ces bacchanales se déroulant dans un lieu privé avec des personnes consentantes je ne vois pas en quoi la justice est concernée. Ce monde est fou. Il fait un mois de prison à Carpentras (que de tracas !) et fut condamné à un an de prison avec sursis. Il goûta peu ces quelques jours derrière les barreaux. Charles n’était pas Jean (Genêt).
Et toujours lancinant, la plainte : “Et ce manège depuis le collège tourne parfois à la prison” Trénet n’était ni le Gide de Corydon, ni Le Pied de Jean-Louis Bory. Une seule fois il avouera son charmant petit défaut quand il évoque, en chanson “toutes ces choses qu’il n’aura pas su aimer” Pas su ou pas pu. Dans les sixties rares étaient ceux qui sortaient du placard pour afficher leurs Triangles roses. Charles n’a pas pu être totalement…
Pas si rose que ça, fut sa vie.
Au niveau du noir dans le torchon facho “Je suis partout” il fut vilipendé et comparé au juif Harpo Marx. Tout ça pour ça. Quel sordide ! J’ai pris rendez-vous là-haut, Charles, chez les poètes fous pour un festival sans fin avec quelques angelots fluttant, de concert, à qui mieux-mieux.

Jean-Pierre PIBOULEAU



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