Cet été, après avoir visité la maison natale de Charles, à Narbonne, j'ai
lu (lu? dévoré!) "Monsieur Trenet" par Richard Cannavo.
Je voudrais savoir si c'est effectivement une bonne biographie. En
existe-t-il d'autres qui puissent en quelque sorte "compléter" cet
ouvrage?
Il me semble que l'auteur n'ait pas parlé de détails quelque peu
"gênants".
Par exemple, il me semblait que les années 60 euent été pour Trenet plutot
désastreuses... bien que le chapitre en question se nomme: "Le bagne du
rock", Cannavo affirme que pendant les années 60, Charles a toujours eu un
franc succès quand il se produisait en public, surtout si le public était
jeune.
Non seulement, mais, (presque) chaque fois que je parle de Trenet avec une
personne d'un certain age, on me parle de l'affaire des ballets roses (je
ne suis pas si ça s'appelle comme ça, car je n'en connais rien).
Pourquoi la biographie de Trenet ne traite pas ce sujet? Ensuite, Cannavo
ne parle pas une seule fois de l'homosexualité de Trenet. Pourquoi?
merci d'avance
ps: Je m'excuse des éventuelles fautes d'ortographe.
Non enregistré
Posté le 3/12/2002 à 20:49
Cher Florian,
Oui, oui, oui - il faut lire Richard Cannavo, c'est la Bible du point de
vueTrenet. Il a fait des entrevues avec les gens maintenant défunts, qui
l'ont connu dans sa jeunesse. Monsieur Cannavo, c'est un homme de
grandeur, qui sait bien que la vie privée est justement ca - privée, comme
Charles l'a toujours voulue. Si nous l'aimons, c'est parcequ'il nous
laisse des chansons pour la vie - une facon de vivre, il nous dit jamais
comment aimer,seulement qu'il faut aimer.
Je comprends, merci.
Alors, je pose une autre question. Qu'est-ce que l'"affaire des ballets
rose"? Je n'en sais absolument rien, on l'en parle comme si on parlait de
la peste. Qu'est-donc à la fin??
Heureux de te retrouver sur ce site, Florian ! Merci pour ta fidélité.
Tout à fait d'accord avec Ann, le livre de Cannavo peut être considéré
comme la biographie la plus complète consacrée au Fou Chantant. Je te
conseille également "L'âme d'un poète" de Jacques Pessis qui appporte une
vision originale sur l'artiste et sa philosophie du bonheur. Tu trouveras
les références de ce livre dans la rubrique "Sa bibliographie" ... mais
j'ignore s'il est toujours disponible ?
Il y a aussi l'ouvrage de Bernard Revel ("La Folle Jeunesse de Charles
Trenet"), qui a donné deux extraits de son livre pour notre portail.
Ann a raison lorsqu'elle parle de la discrétion de Charles à propos de sa
vie privée et je ne suis pas très chaud pour remuer cette histoire.
Pourtant, je pense qu'il est salutaire de le faire pour remettre les
pendules à l'heure... et te permettre de clouer le bec à ceux qui font des
insinuations malveillantes lorsque tu évoques le grand Charles.
C'est dans le livre de Bernard Revel que j'ai trouvé la narration de cette
triste histoire qui débute le 13 juillet 1963 :
"Ce jour-là, Charles Trenet est écroué à 20h30 à la maison d'arrêt
d'Aix-en-Provence. Son secrétaire, âgé de 18 ans, vient d'avouer avoir
joué le rôle de "rabatteur" pour attirer chez le chanteur, au domaine Les
Esprits, des adolescents. Charles Trenet est inculpé d'attentats aux
moeurs sur la personne de 4 mineurs de moins de 21 ans (mais ayant plus de
18 ans). Le chanteur nie tout en bloc. (...) Il restera 28 jours en
prison. (...) Revenant sur les accusations portées contre lui, il affirme
(...) : "Je suis victime d'un coup monté. Mais j'ai des preuves
irréfutables." (...) Beaucoup de bruit pour rien, finalement : l'affaire
se terminera pas un non-lieu."
Mon père, grand admirateur de Trenet, a cessé de l'être après ce
procès...
Etant plus jeune, j'ai laissé de côté cette "affaire" pour ne m'intéresser
qu'à l'artiste.
Lequel, du reste, n'a jamais rien caché de ses tendances
homosexuelles-voire pédophiles- dans ses chansons. Ecoutez, p.ex. "Pelouses
sportives", chanson peu connue, admirable sur le plan mélodique et
ouvertement pédérastique...
Pour revenir aux interrogations de Florian sur la bibliographie à propos de
Trénet, je me permet de signaler 2 livres: celui de Pascal Bussy "Charles
Trénet" aux éditions Librio, qui est, à mon sens, simple, clair, précis,
efficace et récent ce qui nous offre des anecdotes allant jusqu'aux toutes
dernieres années de la vie deCharles (en plus, il n'est pas cher:
1€52!!)
Le second livre est celui de Stéphane Hoffman intitulé "Le grand Charles"
(chez Albin Michel); son approche est très particulière et fait exploser
les carcans de la traditionnelle biographie ce qui le rend très agréable à
lire; de plus, malgré l'admiration immodérée qu'il porte à Trénet, l'auteur
n'hésite pas à prendre du recul et à évoquer les années de gloire comme les
années sombres. C'est plus une reflexion sur l'homme et son oeuvre qu'une
simple biographie.
Mais bon , ce ne sont que des avis personnels et peut etre que d'autres
Trénetophiles voudront en débatre...!
Non enregistré
Posté le 5/7/2003 à 22:13
Cher Florian, en fait de ballets, il s'agit de ballets bleus...qu'il serait
ridicule de nier comme a tenté de le faire bêtement P.Sevran à la télé lors
du décès de C.T ça a existé et celà n'enlève rien, mais n'apporte rien non
plus au TALENT de C.T.
Lors de son récital au théâtre de l'Etoile à Paris en 1962 environ, un
jeune garçon que C.T avait ramené de Savoie et qui lui servait de boy à
cette époque, conduisait dans la loge les jeunes demandeurs d'autographes,
mais, lorsque la foule des admirateurs était passée celà aussi pouvait
ressembler au rabattage effectué à Aix par le nommé Richard ?(si ma mêmoire
est bonne). Si C.T a donné à travers des chansons un éclairage sur ses
orientations ce n'est qu'à la fin de sa vie, car en 1962 et avant il a
déclaré à plusieurs reprises se marier pour couper court aux rumeurs
infondées... Mais on l'aime bien.
Il me semblait que c'était des ballets roses, avec des gitons en jupettes
gréco-romaines bien en-dessous de 18 ans...
Bon, cela n'enlève rien au talent de Trenet.
C'est même ass ez hilarant. On se croirait dans un banquet de Pétrone.
J'avais un copain de Fac de droit dont les parents tenaient un hôtel à
Perpignan. Trenet y venait, maquillé de manière outrancière et entouré
d'une cour de jeunes gens. Ce copain voulait être commissaire de police !!!
Imaginez que Trenet ait été au courant, lui qui fuyait les gendarmes...
Non enregistré
Posté le 16/3/2005 à 20:23
on parle de ballets roses quand il s'agit de petites filles et de bleus
pour les petits garçons
Quelle belle formule que celle d'Ann : ne pas dire comment aimer, mais bien
qu'il faut aimer. Cela peut résumer l'oeuvre de Charles.
"Dis-moi je t'aime
Quel beau roman
Dis-le moi même
Même si tu mens
J'ai pour ce thème
Du sentiment
Dis-moi je t'aime
Dis-le moi vraiment".
La face nocturne de Charles a toujours produit un effet certain sur ses
admirateurs, surtout lorsqu'il l'ont découverte tardivement (ce fut mon
cas).
Les réactions peuvent être très diverses.
Le rejet en bloc, car on croit l'homme éloigné de l'artiste que l'on
aime.
La curiosité (quels sont les faits, et cela peut-il se retrouver dans les
chansons) : en dessous des textes, n'y aurait-il pas quelques allusions
sexuelles, voire homo-sexuelles? On se souvient de plusieurs commentaires
du Jardin extraordinaire, les Pelouses sportives, L'abbé à l'harmonium,
bien sûr, et d'autres....Pour ma part, je préfère évoquer l'une de mes
chansons préférée : "Où vas-tu chaque nuit?". Je me suis toujours dit que
le destinataire réel de ce poème était un homme, et dès lors, je l'ai
trouvée ô combien plus belle (et cela, sans aucun rapport avec mes
préférences, puisque je suis hétérosexuel) et forte.
Les faits, donc. Ballets roses, ballets bleus, jeunes éphèbes, secrétaires
rabatteurs, comment faire le départ entre les mythes et la vérité?
Il faudrait reparler du contexte homosexuel de l'époque, et dire à quel
point cette sexualité s'inscrivait obligatoirement dans une marge, bien
plus encore qu'aujourd'hui, où nos sociétés sont de plus en plus
libérales.
Ce qui me semble important est que Charles, tout en ayant avec raison
préservé sa vie privée, elle ne regardait que lui, en a laissé quelques
traces, quelques pépites, déposées avec soin dans l'écrin souvent rieur de
ses chansons.
Le livre de Jacques Pessis, cité par Dominic, et à mon sens complémentaire
de celui de Cannavo, donne quelques informations intéressantes, en
particulier sur les projets de mariage et les amours malheureuses de
Charles. Une fois ces choses connues, les chansons apparaissent telles des
appels à aimer d'autant plus bouleversants que parfois, au fil de
l'existence de Charles, ils restèrent sans écho.
Le bel article "Charles, le sexe de l'ange" le dit bien : arrêtons de
chercher. L'essentiel est ailleurs.
Le côté sulfureux de Charles est ce qui le rend intéressant, car elle
l'humanise, et fait fonctionner la poésie comme un masque qui, tantôt se
moule exactement dans les plis du visage, tantôt arborre une expression
contraire, par cette légèreté qui est la politesse du désespoir. En ce
sens, je suis complètement en opposition avec l'auteur de l'article (qu'il
me pardonne, j'ai oublié son nom) "La mer danse comme un pied". J'en résume
brièvement le propos : en gros, seule la discographie 1935-1945 mérite
d'être conservée. Voilà du swing. Ce qui vient après, comme "La mer" ou
"Douce France" serait de moindre qualité. Je présenterai la chose
autrement.
De 1937 à 1945, Charles fait feu de tous bois et insuffle à la chanson une
pointe de Jazz, la révolutionne. Puis, avec "La mer", et d'autres très
beaux poèmes comme "Seul, depuis toujours", essaye une veine lyrique, qui à
mon avis déplaît à notre auteu parce qu'elle vient rompre l'image d'un fou
chantant et sautillant qui mit sans dessus-dessous l'ABC. Or, cette
nouvelle manière correspond à l'émergence d'une tendance à la mélancolie,
où Charles laissera parler son coeur triste. Mais le swing n'est pas absent
: témoin cet autre chef d'oeuvre inconnu "Quand descend le soir".
On voudra bien noter que, dès lors que les textes mêlent de plus en plus
des registres antagonistes, ainsi que le faisaient déjà "Je chante", gai
récit d'un suicide, ou "Les gendarmes s'endorment sous la pluie", pastorale
cachant un meurtre fait par l'idiot du village. Pour résumer, plus Charles
avance dans sa production, plus il me semble acquérir de liberté dans
l'expression des diverses voix qui parlent en lui. Certes, ses chansons
restent gaies (joyeuses! pas d'ambiguïté) : qui n'a pas été habité,
soulevé, revigoré par "Y a d'la joie" ou 'Tout me sourit"? Mais nombre
d'elles se teintent d'une autre couleur, et disent toute la complexité de
l'homme.
Charles est un jardin extraordinaire qui ne cessera pas de faire pousser
des marguerites sur nos lèvres
En 1945, la mode du swing était passée de...mode. Les grands orchestres
swing, américains ou français (Ray ventura) disparaissent. Même Count Basie
de 45 à 52 ne fonctionne plus qu'en effectif réduit.
Pour la chanson, c'est pareil. Johnny Hess (" je suis swing,
zazou")disparait après 45.
Le public veut autre chose après l'épouvantable période 40-45 : une musique
plus tranquille, avec un swing discret.
Si on joue la partition de la Mer, avec sa "pompe" à la main gauche, c'est
swing. Si on ralentit le tempo, c'est différent.
Le coup de génie de Trenet et de son arrangeur et de Raoul Breton, c'est
le tempo ralenti et l'orchestration avec choeur.
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