Une belle découverte d'une oeuvre qui résume déjà très bien l'univers de
Charles Trenet.
Merci à Pascal Halbeher et Henri Chenut de nous l'avoir partagé.
Merci à tous nos amis pour ce bel inédit.
Cet article est cité comme ayant été extrait du « Coq catalan » du 4 juin
1938.
En réalité, il a été publié au préalable dans la revue « La Semaine
radiophonique du 29 mai 1938. Il n'était pas rare qu'Albert Bausil
reproduise dans le « Coq catalan » des articles de revues nationales qui
parlaient de Charles Trenet.
Pour moi, le mystère reste complet.
A son répertoire de scène à ses débuts à l’ABC à Paris, Charles avait 6
chansons, ce qu’affirment Mme Trenet et Mme Breton : Je chante, J’ai ta
main, La polka du roi, Pigeon vole, Fleur bleue et Biguine à Bango et il
n’est nullement question de Colin-maillard ni du reste de En quittant une
ville, cités par Jean Laurent dans son article dans Le Coq Catalan paru
seulement en JUIN 1938, alors que Charles s’est produit à l’ABC cette
année-là du 25 mars au 10 avril et du 21 octobre au 17 décembre.
Dans le texte parlé Charles dit notamment : Pigeon vole, j’ai fait il y a
longtemps une chanson là-dessus.
Pourtant Pigeon vole a été éditée par Raoul Breton en 1937.
Cet enregistrement apparemment sur un 78t, serait-ce une maquette datant de
mai 1942 enregistrée à Bruxelles pour la marque Rythme et non retenue ?
Bien le bonsoir,*mille mercis pour cet inédit ! Passionnant sujet que ce
Colin-Maillard, déjà évoqué par Charles dans Quand j'étais p'tit !
N'oublions pas que le théâtre de l'ABC l'a réengagé dans son programme du
15 avril au 5 mai 1938,
En écoutant cet inédit, il me semble que sa voix pourrait correspondre à
l'après-guerre, voire le début des années 1950.
Une hypothèse : à la veille de son premier départ pour l'Amérique, Charles
Trenet est interviewé par le jeune René Fallet pour la revue Inter du 3
avril 1946. "Un an d'absence minimum", prévient-il.
"Et le public français ?", demande René Fallet. "Tranquillisez-vous, j'ai
enregistré 80 émissions qui passeront durant ma disparition".
Ce mystérieux disque pourrait-il faire partie de ces "80 émissions" ? S'il
était destiné à être radiodiffusé, cela expliquerait l'introduction
parlée...
Bien à vous.
Bonjour,
je possède aussi cette fameuse revue La Semaine Radiophonique n°22 du
29/05/1938.
Il y a effectivement ce grand article de Jean Laurent sur Charles Trenet
dans sa loge à l'A.B.C., mais vous allez voir que plusieurs paragraphes ont
été ajoutés ou supprimés lorsqu'il a été réédité dans Le Coq catalan.
Vous verrez notamment que le passage concernant Colin-maillard n'y figure
pas...
Bien à vous, et bonne lecture !
Il est blond, rose et joufflu comme un saint Jean-Baptiste, mais il rit
avec ses yeux qui sont du bleu des faïences hollandaises.
Il porte un costume de scène dont l'originalité consiste précisément à être
d'une simplicité naturelle : veston bleu croisé, chemise bleu marine,
cravate blanche, chaussures noires. Il entre en scène son chapeau à la
main ; et ce chapeau de feutre d'une banalité désarmante prend la valeur
d'un symbole. Sa loge est garnie cartons à chapeaux que lui offrent les
maîtres chapeliers de Paris. Et, en quelques mois, ce feutre gris qu'il
porte relevé en auréole, très en arrière de la tête, à la manière de Gary
Cooper, sera aussi célèbre que le canotier de Maurice Chevalier.
Un dessin mystérieux et agressif de Jean Cocteau orne la porte de la loge.
Il semble que ce soit un portrait de Charles Trenet sans yeux, sans nez et
sans bouche. Une légende porte ces mots écrits de la main de Jean Cocteau :
« Je te l'avais bien dit ! »
Charles Trenet vient de faire ses débuts au music-hall, à l'A.B.C. Après
avoir chanté trois semaines dans le programme de Lys Gauty, il a été
réengagé par le directeur pour le spectacle suivant. Et, chaque jour, en
matinée et en soirée, son succès triomphal décale le programme. Il a fallu
changer dans le spectacle la place de son tour de chant. L'enthousiasme
qu'il déchaîne (j'ai vu certains soirs des spectateurs debout et hurlant
comme dans une corrida) écrasait les numéros suivants du programme...
Je connais Charles depuis de nombreuses années : sa fantaisie est aussi
grande à la ville que sur scène :
- J'en ai déjà ass ez du tour de chant, me dit-il ; dès que j'aurai fini
mon engagement à l'A.B.C., je pars faire une tournée de conférences sur la
chanson, avec M. Bérard, le directeur des maisons Columbia et Gramophone...
Après, on me proposera plusieurs films, et puis je corrige les épreuves
d'un roman qui doit paraître à la rentrée...
Il a débuté le mois dernier au music-hall et il prend place aujourd'hui
parmi les grandes vedettes du tour de chant.
- j'adore chanter devant le micro. Les moindres intentions, les plus
petites nuances qui seraient perdues sur une grande scène, le micro les
enregistre fidèlement, et c'est très agréable cette communion avec des
milliers d'êtres invisibles et présents à la fois. C'est sûrement devant le
micro que j'ai éprouvé mes plus belles émotions artistiques, car, à la
radio seulement, on peut exprimer l'inexprimable... Je trouve qu'on n'a pas
ass ez parlé de ce monde féerique. Sa vogue foudroyante ne fera que grandir
chaque jour, car elle correspond à ce besoin de rêve et d'infini qui peut,
seul, nous faire oublier notre vie trop quotidienne...
- N'avez-vous pas une nouvelle émission régulière à Radio-Cité ?
- Tous les dimanches soir, de 20 heures à 20 h. 30, je présente Le
music-hall du dimanche, c'est-à-dire des artistes jeunes, ayant un
répertoire de chansons modernes et rythmées. Au cours de cette émission a
lieu également un concours facile et amusant. Les auditeurs sont priés de
m'envoyer à Radio-Cité des titres de chansons qu'ils veulent entendre
interpréter. Tous les dimanches, une des cartes est tirée au sort et
j'interprète la chanson demandée, mais à ma manière bien entendu...
L'expéditeur de la carte ainsi désignée gagne une loge gratuite dans un
music-hall de son choix. Celui que le sort favorise vient, le dimanche
suivant, à Radio-Cité pour désigner à son tour le gagnant de la semaine
suivante.
Tout en l'écoutant, j'examine la loge du « fou chantant » : sa table de
maquillage, couverte de flacons d'eau de lavande et d'eau de Cologne, ses
cravates claires et multicolores, suspendues comme des branches d'arbres en
f1eurs... Brusquement, mes yeux s'arrêtent sur un dessin rehaussé de
couleurs, signé de Jean Cocteau :
- Ce sera ma prochaine affiche, me dit l'auteur de Vous qui passez sans me
voir... Mon affiche actuelle ressemble à une réclame de cirages... Je
l'aurais voulue plus franchement laide, plus chromo, avec ce fond de
paysage printanier de calendrier des postes... L'affiche de Cocteau, c'est
un poème ... Avec ce chapeau sur la tête et ces ailes dans le dos, j'ai
l'air d'un ange endimanché, comme les anges naïfs vus par les nègres
d'Harlem, dans le film Verts Pâturages... Cela ne fait rien, j'aime cette
affiche : elle pousse comme la sève dans les branches, elle éclate
d'oxygène. Elle est à la fois agressive et attendrissante de naïveté, comme
le fameux gilet romantique de Théophile Gautier.
Jean LAURENT.
Merci FrédérickSucre pour ce texte effectivement intéressant. Le mystère
de cette chanson reste néanmoins entier.
Voici mon idée là-dessus, une hypothèse qui en vaut une autre : Charles
aurait écrit cette chanson en 1938 ou un peu avant et l'aurait (peut être
?) interprété sur scène à ses débuts à l'ABC... mais peut être pas chaque
soir non plus ? Mais , comme, il y avait déjà "Pigeon vole" et que ce
"Colin Maillard" relevait un peu du même univers. cette dernière fut mise
au placard.
Bien plus tard, au début des années '50, se souvenant de cette chanson
restée dans ses cartons, il l'enregistra sur un 78 tours destiné à une
émission radio... en y ajoutant l'intro qui fait, très naturellement,
allusion à ce "Pigeon vole" écrite "il y a très longtemps"....
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