Evidemment, un très bel album.
J'ai envie de faire des commentaires plus détaillés pour que les réactions le soient plus aussi.
J'aime par-dessus tout dans cet album "Ce soir, je viens chez toi", "Soleil d'octobre" et "Pardon".
Les 2 premiers sont très épurés, sobres, pleins d'une émotion retenue, très nostalgique pour le premier, doucement mélancolique pour le deuxième. "Soleil..." me fait d'ailleurs penser, dans le thème et dans les arrangements, à un autre très beau titre peu connu de 1967-68, "Mourir au printemps", avec le fidèle Luypaerts au piano.
"Pardon" retrouve les ressources du grand orchestre, une mélodie d'une élégance et d'une légèreté rafraîchissante, alors que les mots sont pesés et justes :
"La nuit permet de mieux comprendre
Pourquoi nous nous cherchons
Pourquoi nous nous perdons (...)
Ce soir, tu pourrais tout comprendre
Quand au fond de moi-même
Je redirai ton nom"
C'est aussi un grand plaisir d'écouter "La Tramontane", "Les Indiens", et "Le Visage de l'amour". Le dernier ouvrait les ultimes récitals de Charles, et lorsqu'on connaît l'espèce de fatalité qui s'acharna sur toutes ses relations amoureuses, on mesure la sincérié de cette déclaration ô combien touchante.
"La tramontane", c'est presque du Brassens, et "Les Indiens", une joyeuse suite sans queue ni tête assez réjouissante.
Je goûte moins "Pars si tu veux", et "Je n'irai pas à Notre-Dame".
Le premier est bien niaiseux, et le procédé (exposition d'une mélodie sur un rythme de valse et réexposition sur un rythme jazz) avait été déjà utilisé (avec plus de bonheur) dans la superbe et oubliée "Valse des amours passées" (1953?). Le propos est assez fade.
La chanson-titre de l'album est en fait très datée : il faut expliquer tout le contexte d'écriture pour pouvoir en savourer le contenu. Trenet reprend un peu paresseusement des choses déjà entendues : évocation de ses chansons, plus subtiles que dans "Rachel..." car il n'en mentionne pas les titres, mais seuls les aficionados peuvent goûter de tels private jokes. La série d'accords est bien familière, bref c'est gentiment ennuyeux.
Permettez en revanche, que je dise mon peu d'intérêt pour "L'amour, ça s'en vient", "Juste pour rire", et "Fais ta vie".
Le premier est un cliché rebattu. Le second, commandé par Rozon pour lancer son festival d'humour, est une reprise plus rapide de la version qu'on connaissait déjà, mais (hélas!) dans des arrangements dignes du bontempi de mon père !
Quand à la version parlée de "Fais ta vie", il s'agit d'une sorte de catéchisme indigeste, où Trenet nous dispense ses leçons de morales qui paraissent datées de 1939. Non, l'engagement était un genre qui lui allait décidément fort mal, sauf quand il savait l'aborder avec pudeur, comme dans l'étonnant "Noël des enfants noirs" (1954).
J'attends vos réactions.
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