J'ai également lu cet ouvrage, vendu pour la modique somme de 18 euro. Prix d'autant plus scandaleux que ce livre ne dit absolument rien. Contrairement à Pascal, je le trouve très mal écrit. Les répétitions y abondent, les mêmes expressions y sont utilisées dans des contextes différents, ce qui témoigne d'une grande pauvreté de vocabulaire. La syntaxe est volontiers chaotique, lourde, peu agréable. Quant au contenu : néant. Les approximations y sont légion : tantôt Charles rédige son testament en 1998, ou en 1999 ; l'auteur fait allusion au destin de la maison d'Antibes, à moins qu'elle ne soit située à Cannes. Pour masquer le vide de ce qu'il appelle son "enquête", M. Jouanneau ne se contente pas de citer ses illustres prédécesseurs, comme le dit Pascal. Il fait du remplissage en dissertant sur l'héritage, et ne nous épargne pas des remarques qui évoquent le café du commerce : "hériter, en France, n'est pas un cadeau, mais souvent un fardeau". Il consacre un chapitre entier aux trénetophiles, espérant sans doute capter la bienveillance des visiteurs de ce site. Il juge bon de nous informer, de la façon la plus imprécise, du parcours brumeux de Wulfran Trenet, le neveu d'icelui.
Autant dire que tout ceci semble avoir été écrit à la va-vite, après une rapide documentation qui doit plus à la fréquentation de multiples sites internet qu'à une investigation de terrain.
Mais le plus grave est que M. Jouanneau, je ne sais s'il apprécie et connaît l'oeuvre trenetienne, manifeste une évidente ignorance du caractère de Charles. Certains bons mots sont analysés par M. Jouanneau avec un grand sérieux, ce qui l'amène à de nombreux contresens. Sans parler des maladresses avec lesquelles il mentionne la dimension sulfureuse du chanteur ou ses relations avec sa mère. Le livre, certes, est bien vide et maladroit, mais ne témoigne même pas d'une connivence avec l'esprit Trenet.
On est bien loin de l'indépassable et méticuleux travail de Cannavo, porté par une langue pure et lyrique. On est bien loin de l'intimité malicieuse qui se dégage de Pessis, ou même de la simplicité du petit livre de Revel, qui a nonobstant le mérite de focaliser l'attention sur un point particulier de la vie de Trenet.
Eh oui. Pour parler de Trenet il faut être poète. Poète du sublime, du grotesque, de la joie, de la nostalgie, de l'essentiel et du dérisoire. N'est pas poète qui veut, et c'est de cette trempe que doivent être faits ceux qui ambitionnent de parler de cette si singulière personnalité qui traversa le siècle.
Jouanneau : s'abstenir.
Relire Cannavo. Encore. Toujours. La lettre de Mam'zelle Clio en ouverture du livre, si émouvante.
Regarde Chalençon, pour les photos, si nombreuses, si follement gaie.
Et puis, il nous reste, bien sûr, nos chères chansons.
Amis, donnez, vous aussi, vos impressions sur ce livre !
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