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ENTRETIEN POUR SES 80 ANS...
le 06 Août 2012 - 04:17
Un coup de chapeau Un entretien avec François Jonquet

En 1993, le numéro 14 de l'éphémère Globe Hebdo consacre plusieurs pages à un entretien de François Jonquet avec Charles Trenet, à l'occasion de ses 80 ans.
Ce magazine était très innovateur dans sa forme et dans son fond (avec des infographies, des cartographies, des cahiers photo, des textes de grands écrivains comme Edgar Morin, Marguerite Duras..., et des images des plus grands photographes comme Marc Riboud...) était soutenu par le mécène et PDG d'Yves Saint-Laurent, Pierre Bergé.
Rien d'étonnant dès lors que ce témoignage apporte un éclairage nouveau et sort des sentiers battus par rapport à beaucoup d'interviews précédemment proposées sur l'artiste. Merci à notre membre Philippe Sauvage de nous permettre de le partager aujourd'hui.





Le 19 mai, il fêtera ses 80 ans par un récital exceptionnel à l’Opéra Bastille avec l’Orchestre symphonique et les chœurs de l’Opéra. Infatigable, il sera à la rentrée au Palais des congrès puis s’envolera pour une tournée européenne. A l’occasion de cet événement, Charles Trénet répond aux questions de Globe-Hebdo. De digressions en jeux de mots, flash back sur 60 ans de chanson, Dali, Cocteau, Marlène Dietrich, Perpignan.

GH : Fêter ses 80 ans dans un lieu aussi prestigieux que l’Opéra, c’est un grand honneur non ?
ChT : Il faut que je sois à la hauteur de cette confiance ! Il faut mériter son public jusqu’au bout. J’ai la chance d’avoir un public qui me suit depuis longtemps, et qui a appris à ses enfants à me connaître. Je vois des jeunes de 19-20 ans qui écoutent mes disques depuis qu’ils ont 10 ans. Quand ils viennent me voir sur scène la première fois, c’est pour savoir si leur regard correspond à celui de leurs parents. Curieusement, ils me voient différemment. Pourtant je ne fais pas de concessions à l’époque, je suis le même. Mais les gens qui m’ont connu autrefois et sont âgés maintenant me voient à travers leurs souvenirs, alors que les jeunes sont contents qu’à 80 ans je puisse leur plaire tel que je suis. Si Dieu me prête vie, dans dix ans, ils diront à leurs enfants : « Eh bien, il n’a pas tellement changé. »

GH : aujourd’hui, vous êtes l’un de nos monuments nationaux ?
Cela m’honore profondément, profondément… C’est parce que je ne dérange personne, que je ne suis contre personne. Il y a dans mon public, des gens d’opinions politiques ou artistiques différentes. Je suis un catalyseur de publics et cela est charmant. Pour cette raison, j’ai un répertoire de chansons différentes. Il ne faut pas oublier qu’au début d’une soirée le public est très morcelé ; il faut l’amener à l’unanimité. De plus, même si l’on 3 500 personnes devant soi, il faut inventer de l’intimité, il ne faut pas qu’on perde le visage du chanteur, qu’il devienne une silhouette. Les jumelles ça s’est perdu. Je suis reconnu parce que je suis l’enfant naturel du public (rires). C’est une reconnaissance de paternité...

GH : ce statut exceptionnel n’est-il pas un peu écrasant ?
ChT : Oh, non ! Il est bon d’être l’enfant chéri du monde. Même si, comme me disait Matisse, avec un peu d’amertume : « On n’est jamais compris, on est admis. » Moi je lui répondais : « Mais c’est déjà pas mal d’être admis, de faire partie de la famille. » Il faut avoir des défauts de « qualité ». Au singulier ! Et entre guillemets. Etre aimé permet d’aimer aussi, car il est embêtant d’aimer quand on est seul. Cher public, tu m’aimes, donc je t’aime. Mon public est comme les diamants, éternel.
 
 GH : un parcours comme le vôtre ne se fait pas sans casse. Cocteau disait : « On élève des statues aux poètes avec les pierres qu’on leur jette. »
ChT : Il faisait allusion aux grands poètes qui aimaient souffrir par romantismes, par attitude. Rimbaud n’a quand même pas pris un billet de voyage en Ethiopie pour aller se balader. Il a souffert. Les poètes souffrent quand on les oublie. Un jour, j’étais sur une plage de Bandol et une amie me dit : « Tu vois l’homme, là-bas ? C’est Louis Lumière. ». Je suis allé lui demander un autographe, que j’ai gardé. A sa mort, je suis allé à ses obsèques, à Lyon. J’étais le seul : pas un ministre, aucun artiste de cinéma ou de la chanson. J’étais honteux derrière ce cercueil.
 
 GH : vous avez suscité les jalousies. Pendant la guerre on a essayé de vous faire passer pour juif.
ChT : oui, on a dit que Trenet était l’anagramme de Netter, un nom juif, paraît-il. Ca me flattait beaucoup, parce que j’aime beaucoup les Juifs. Une grande civilisation, de grands savants ! Moi, j’avais tellement de papiers prouvant le contraire qu’à la fin ils pensaient qu’il y en avait trop pour que ce soit vrai. Ils ont conclu que j’étais un Juif synthétique parce que j’aimais le jazz, une musique « enjuivée ». Les allemands sont un peuple très facile à conduire, il suffit qu’on ait un peu d’emprise et ça marche. En France, nous discutons tout… Ce désordre, j’en souffre parfois parce que j’aime l’ordre. L’ordre et la fantaisie à la fois. Je vis dans une chanson. Malheureusement les gens qui ont de l’ordre n’ont aucune fantaisie. Et ceux qui ont de la fantaisie n’ont pas d’ordre…
 
GH : votre vie est ordonnée ?
ChT : Oui, très ordonnée. Je me réveille tous les jours tôt. Je fais du sport. Je sors peu.
 
GH : ce que l’on retient toujours dans vos chansons, c’est leur entrain, leur ton joyeux, le « bonheur ». Mais quand on lit bien vos textes, en particulier les derniers, on découvre « l’ennui me ronge », « l’angoisse toujours me poursuit »…
ChT : Non, avec « Mon Coeur s'envole », je me suis amusé à écrire une chanson avec des termes populaires. Exprès. C’est une fausse chanson, pour démontrer qu’il y a une recette pour faire un tube. Je l’ai écrite en pensant aux jeunes qui font leur service militaire et attendent le jour où ils retrouveront leur belle. C’est dire si je me sens jeune, alors que je suis colonel, maintenant.
 
GH : Quand même, Je chante est le compte-rendu d’un suicide par pendaison. La mort y est même un soulagement : « ficelle qui m’a sauvé la vie… »
ChT : Breton, l’éditeur, ne voulait pas de cette phrase. Il avait imprimé « maligne, tu m’as sauvé la vie ». Vous savez, Je chante, c’est surtout du Charlie Chaplin, du loufoque avec des gendarmes à moustaches.
 
GH : Vous avez dit : « J’ai couru toute ma vie après une enfance que je n’ai pas eue. »
ChT : C’est vrai. Enfin, j’ai quand même eu une enfance, sans quoi je ne serais pas là ! (Rires). Mais elle était encombrée de divorces, de guerres, de choses comme ça. Mes petits camarades de pension me racontaient leur vie de famille, ils étaient heureux. Et si malheureux d’être enfermés. Alors que pour moi la pension était peut-être mieux que la maison.
 
GH : Est-ce après une enfance un peu chaotique que vous avez décrété : « Maintenant c’est fini, y’a d’la joie » ?
ChT : Avec Francis [Blanche NDLR], on avait trouvé une publicité extraordinaire, quand on travaillait pour Marcel Bleustein-Blanchet. « Si vous ne vous sentez pas bien, faîtes vous sentir par un autre. » Tadadadada… Vous savez je ne suis jamais sorti de l’enfance. D’ailleurs ce n’est pas moi qui vous le dit mais Cocteau : « Y a les poètes, et les grandes personnes. »
 
GH : Parmi toutes les rencontres que vous avez faites durant votre vie, il y en a une bien étonnante, celle avec Antonin Artaud.
ChT : Artaud ! Ah, quelle merveille ! Dreyer l’avait engagé pour jouer le moine dans « La Passion de Jeanne d’Arc ». J’étais assistant à ce moment-là (1928), homme à tout faire aux studios de Joinville. Dreyer avait pensé tourner son film avec des décors extraordinaires, et puis il n’a plus eu d’argent, alors il a dit : « Je vais tourner ça en fond blanc », il ne se rendait pas compte qu’il inventait la télévision. Et c’est ça qui a fait le succès du film. Dreyer était magnifique, on avait sympathisé tout de suite. Il était bien jeune. Pour lui, je faisais les claquettes, mais pas comme Fred Astaire. J’étais clapman. A 16 ans.
 
GH : Mais comment avez-vous rencontré Antonin Artaud ?
ChT : Dans le « Napoléon » d’Abel Gance où il jouait Marat assassiné par Charlotte [Corday, NDLR] dans sa baignoire. Il tapait avec son doigt sur les décors, comme ça : toc-toc. Je lui ai demandé pourquoi. « Pour me rendre compte que je suis ! » Un peu farceur comme tous les Marseillais. Un jour, au milieu d’une tirade, une poutre du décor lui est tombée dessus. Je l’ai soigné. Nous nous sommes connus comme ça. Il avait découvert une folle anglaise, une lady qui lui avait commandité deux pièces qu’elle entendait jouer, « Le Diable et la Cruauté ». Pour 2 000 dollars par jour, elle se faisait battre par Artaud sur scène, aux Folies-Wagram. C’était « La roue de la torture » et non « La Roue de la Fortune ». Artaud et moi, on passait régulièrement une partie de la nuit au Dôme pour parler politique. Quand je suis allé lui rendre visite la première fois, j’ai sonné, la porte s’est ouverte, et je l’ai vu habillé en femme. Bon ! me suis-je dit, voilà autre chose… En fait il s’agissait de sa mère. Elle me dit : « Qui dois-je annoncer ? – Charles Trenet». Elle se retourne vers Artaud, qui était au fond d’une alcôve, et elle crie : « Charles Téméraire est là. » Artaud a répondu : « Qu’il entre ! » Pas du tout gêné que le duc de Bourgogne vienne le voir à cette heure-là. Il m’a donné toutes ses œuvres signées. Il y a des gens qui vous aiment tout de suite. Qui vous sentent.
 
GH : Une autre rencontre étonnante, avec un fils de notaire comme vous, Dali.
ChT : Dali, je l’ai connu très jeune. Comme chacun sait, il était fou de la gare de Perpignan, qui est proche de Narbonne, ma ville natale. Une fois, je suis allé avec ma mère à l’une de ses expos. Il y avait les montres molles, je ne sais plus quoi qui sodomisait un piano à queue : les folies de Dali ! Et ma mère, qui était une femme avec les pieds vraiment sur terre, d’une logique impitoyable, l’apostrophe : « Mais qu’est-ce que ça veut dire tout ça ? » Il lui répond : « Mais je ne sais même pas moi-même, madame. » Il a tout de même entrepris de lui prouver qu’on pouvait peindre sur des œufs au plat ! Il adorait Vermeer, il disait que dans « La Dentellière », il y avait une corne de rhinocéros. Sans doute parce que la corne de rhinocéros détient un pouvoir aphrodisiaque. Il a vu la corne, et il a peut-être désiré cette femme, cette dentellière qui est adorable.
 
GH : Et Cocteau ?
ChT : Je lui ai écrit quand j’avais 16 ans. Mes histoires ne l’intéressaient pas du tout mais il me répondit poliment : « Cher petit, venez bien sûr me voir». Puis j’ai connu Max Jacob. Un jour, je lui ai expliqué que je n’obtenais pas de rendez-vous avec Cocteau, et Max a immédiatement saisi son téléphone : « Je viens de rencontrer un poète. C’est un grand poète que tu n’as pas découvert. Il s’appelle Charles Trenet ». Un jour, Jean Cocteau téléphone chez moi. Ma mère me tend le téléphone comme s’il avait été trempé dans de la merde et me dit : « Tiens, tu as Jean Cocteau au bout du fil. » Peu après, ils étaient les meilleurs amis du monde ! Elle l’adorait. Il cultivait l’art de plaire aux mères. Un art chi-mère-ique. (Rires…)
 
GH : Vous avez été la vedette de cinq films, entre 1938 et 1943. Qu’est-ce que le cinéma a représenté pour vous ?
ChT : J’étais davantage fait pour diriger les films que pour y jouer. Pendant le tournage de « La Route enchantée » (1938), le metteur en scène, Caron, est tombé malade quinze jours, je l’ai alors remplacé et ça m’a beaucoup plu…
 
GH : Réécoutez-vous vos disques ?
ChT : Très peu. Parce que ça me donne envie de les refaire. J’avais un prof de dessin à Montpellier, à qui je disais : « ça y est, monsieur, j’ai fini mon dessin. » Il me répondait : « On n’a jamais fini un dessin. » Je crois qu’un disque n’est jamais terminé.
 
GH : Est-ce que le métier de la chanson a beaucoup changé en cinquante ans ? Ici comme ailleurs, on parle aujourd’hui « professionnalisme ». Ce mot vous convient-il ?
ChT : Il y a toujours eu un professionnalisme. Mais Maurice Chevalier m’a dit (c’est le plus beau compliment qu’il m’a fait) : « Charles Trenet est un amateur. » Il y a un joli mot en espagnol : aficionadio. C’est ça le vrai amateur. Maurice a dit aussi de moi une chose très jolie (en même temps qu’une vacherie), parce qu’il m’avait connu duettiste avec Johnny Hesse : « Je n’ai jamais compris comment le duettiste minable que j’avais connu était devenu une machine à marteler de la poésie. »
 
GH : Comment jugez-vous notre époque ?
ChT : Dans la mesure où elle me juge bien, je ne peux pas en dire du mal. Je fais des réponses de Jeanne d’Arc, moi. On va me brûler !
 
GH : Le sida, est-ce que ça vous … ?
ChT : Il sera responsable d’une révolution, celle des comportements.
 
GH : Quand vous vous retournez sur ces 80 années, à quoi pensez-vous ?
ChT : C’est ma vie. Je ne m’étonne de rien, il ne m’arrive que des choses invraisemblables. Etre tombé amoureux de Marlène Dietrich à 15 ans. Si, c’est vrai ! Marlène avait 26 ans et elle n’était pas une star. Elle était même rien du tout. Josef von Sternberg était son amant, mais elle était en même temps la maîtresse de Benno, mon beau-père, le deuxième mari de ma mère.
 
GH : Comment était Marlène Dietrich à 26 ans ?
ChT : Rondouillarde. Pour un enfant de 15 ans, elle était très appétissante. Je n’en dis pas plus, elle est morte et cela pourrait passer pour une vantardise. Bien plus tard, je lui ai présenté Jean-Jacques Debout, parce qu’il ressemblait à Gabin. Elle est tombée amoureuse de lui. Quand Garbo est morte, je lui ai envoyé ce télégramme : « Garbo est morte, sincères félicitations. »
 
GH : Avez-vous l’impression d’être passé à côté de choses importantes dans votre vie ?
ChT : Je regrette la peinture. Parce que je la connais bien, j’aime beaucoup celle des autres. La mienne est personnelle, mais je ne l’ai pas poussée à fond. J’ai exposé un jour à Aix-en –Provence, chez Blanc. J’ai peint la Sainte-Victoire comme je le sentais, pas comme Cézanne. Tout le monde a voulu acheter le tableau, sans savoir qui était l’auteur. Blanc disait « C’est un vieux peintre hollandais qui n’a pas envie de vendre. »
 
GH : Quelle place l’amour a-t-il tenu dans votre vie ?
ChT : ça dépend de ce que l’on appelle l’amour. Je n’ai jamais eu besoin de faire de la publicité avec des amourettes interchangeables. Je ne vois pas ce que cela m’aurait apporté. C’est l’amour. C’est profond. Ça m’a blessé très jeune, et puis je me suis habitué. Je me suis vite rendu compte que ma première aventure allait diriger toute ma vie. Je suis en admiration devant les couples de mon âge qui ont des enfants. C’est une formule de bonheur. Moi, j’ai choisi autre chose. Une fois, au spectacle d’une famille réunie, j’ai eu une réaction bizarre, je me suis dit : « Si c’est le bonheur, je n’en veux pas ! » Bien sûr qu’il est agréable d’avoir des enfants… Mais ce bonheur peut être oppressant. Oui, parfois, je regrette certaines choses. Enfin, j’ai fait tellement semblant de les regretter que je les regrette vraiment maintenant.
 
GH : Alors, les enfants, vous les regrettez ou vous ne les regrettez pas ?
ChT : Je ne les regrette pas. Mais parfois, quand je suis devant des jeunes gens, je les regrette. Vous seriez mon petit-fils, je vous demanderais des nouvelles de votre mère, ma fille, que je n’aurais pas vue depuis six mois.
 
GH : Pensez-vous à la mort ?
ChT : Non, et j’espère qu’elle ne pense pas à moi non plus. Dans un de mes livres, « Pierre, Juliette et l’automate» [1983, NDLR], le héros rencontre un pêcheur à la ligne. Il lui dit : « Alors, ça mord ? » Et l’autre : « Sa mort fut instantanée. » Il lui prédit ainsi sa fin.
 
GH : Vous portez trois décorations au revers de votre veste…
ChT : La Légion d’honneur, les Palmes Académiques, les Arts et Lettres. J’ai été décoré par Jack Lang et j’ai décidé de ne plus être décoré par aucun ministre. Jack est très musicien, il entend les choses. J’aime sa culture car elle est moderne, et elle ne donne pas l’impression d’être de la culture. Et puis c’est lui qui m’a remis sur la sellette il y a quelques années.
 
GH : Vous considérez vous comme un homme de gauche ?
ChT : Mais pas du tout ! J’aime les gens, et il faut reconnaître que les gens de qualité se sont trouvés à gauche à mon époque. Je ne vais pas me précipiter au cou des nouveaux ministres. Mais s’ils sont intelligents, on s’entendra toujours. J’étais très bien avec Malraux. De Gaulle m’aimait bien. Enfin, je ne sais pas s’il était fait pour m’écouter, car il n’avait pas beaucoup d’oreille.
 
GH : Vous portez des diamants aux doigts…
ChT : Je me souviens de Mireille Balin – à moitié chauve à l’époque – dans un film impossible où un vieux lui demande : « Vous aimez les diamants ? – Oui, répond-elle, parce que c’est beau, c’est pur et ça tient les gens à distance. » Vous m’interrogez sur ma vie. Vous savez, les époques, je ne les compte plus. Je m’en moque des époques. J’arrive à mettre le temps en loques. Mais je n’en fais pas un épouvantail, quand même. Le temps est le temps. Il est toujours le même, mais nous passons dedans, et je préfère marquer notre époque qu’être marqué par elle. J’ai horreur du « maktoub », du « c’est écrit ». C’est écrit quand c’est passé. Le fatalisme est une imbécillité. Je préfère croire à une puissance extraordinaire qui donne la vie qu’à une patte de lapin qui va me porter bonheur. Ce matin, j’ai prié. Je n’arrivais pas à enfiler mes chaussures, et j’ai dit : « Mon Dieu, si vous existez, mettez moi le pied dans mon soulier. » Et je l’ai mis. Après la vie, il n’y a rien du tout. Rien. Mais c’est bien, rien, c’est reposant. Oui, la vie est un passage physique et l’âme n’existe pas. Il y a l’âme des poètes, je l’ai chantée, c’est ce qu’ils ont laissé. Je voulais écrire un livre, mais je n’ai que la fin, où un type arrive et meurt. Et il dit : « Ah ! oui, à présent, je me souviens ! »
 
 Reportage photo : Françoise Huguier.


 
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