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par Bruno Jamin
Ce samedi dernier (7/05/2005), Ara Aprikian, directeur des jeux et des divertissements sur TF1 nous proposait une émission truffée de trucages concoctés par Gérard Pullicino : « LES DUOS DE L’IMPOSSIBLE ».
Que penser de cette récente mode de faire chanter en duo des artistes disparus avec des vedettes du moment ?
Certains diront qu’on est bien obligé d’aller chercher les talents là où il y en a le plus : dans les cimetières, puisqu’ils sont rares aujourd’hui dans les studios. Mais ce serait médire car il a encore – Dieu merci – quelques chanteuses et chanteurs de talent dans nos pays francophones. Alors pour ou contre ?
Il y a quelques temps, Serge Lama fut parfait en duo avec Dalida. Aznavour ne le fut pas moins quand il nous offrit une superbe interprétation de « Plus bleu que tes yeux » avec Edith Piaf, pour laquelle il l’avait écrite. Mais ne se mesure pas à Piaf qui veut. Ainsi, dans cette émission de samedi, la pourtant talentueuse Liane Foly eut… la folie de chanter « La Foule » avec la grande Edith. Piaf était littéralement emportée par cette foule tandis que l’autre, bien fade, restait sur le quai. Elodie Frégé, quant à elle, tombait de ce même quai pour se noyer dans « Le port d’Amsterdam », laminée par le talent du grand Jacques.
Ces duos malheureux donneraient raison aux adversaires du procédé s’il n’y avait quelques belles réussites comme « Le bal perdu » de Bourvil, magnifiquement assisté d’Elsa qui a trouvé la sensibilité qu’il fallait à cette si belle chanson.
Puis il y eut… Trenet. Les producteurs avaient choisi « Que reste-t-il de nos amours ? » Dans l’enregistrement utilisé, Charles l’interprète avec la justesse dont il était coutumier. Langueur, tristesse, regrets attendris, toute la mélancolie d’un adulte qui se souvient de sa jeunesse perdue. Mais qui allaient-ils mettre aux côtés de Charles pour interpréter ce petit bijou de nostalgie ? Lama ? Sardou ? Mieux encore, Renaud ou l’immense Maurane ? Non ! Ces iconoclastes bachi-bouzouks, ces anacoluthes imbéciles, ces marchands de guano (*) sont allés chercher la Castafiore de Prisunic, la poupée Barbie de la chanson : l’irritante, l’insupportable, l’exaspérante Arielle Domsbale ! Sa taille de guêpe bien mise en valeur dans une longue robe rose digne de la barbante poupée préférée des gamines, avec l’air stupide d’une biche en chaleur, la bouche en cul de poule et en se dandinant façon chanteuse de cabaret de province, elle a donné la réplique au grand Charles sans avoir l’air de comprendre le sens même de la chanson !
Que restait-il de ce petit chef d’œuvre chanté avec si peu de talent ? Que restait-il de tout cela, dites-le-moi… Rien ! La poésie a disparu dans les plis de la robe rose…
Chanson volée, rêves mouvants… Les charmes se sont envolés pourquoi ? Parce que le talent n’y est pas. Ce numéro était réellement un duo de l’impossible. L’émission méritait là bien son titre.
On voit bien rarement notre grand Charles à la télévision. Alors, de grâce, messieurs, lorsque la bonne idée vous vient de le programmer, faites le avec un minimum de bon sens et de respect. Ce n’était pas le cas hier soir.
(*) avec mes remerciements au Capitaine Haddock dont les insultes conviennent à merveille ici… |
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