Jean Séraphin dans Y A D’LA JOIE – le Journal des Amis de Charles Trenet –
No. 84 de décembre 1964
J’avais rejoint Charles Trenet à Bruxelles, le 21 novembre, pour ass ister
à sa seconde représentation au Théâtre 140. Ce théâtre, tout neuf, est
situé dans la banlieue bruxelloise, au numéro 140 de l’avenue Plasky.
Les spectacles belges débutent à 20h30 et je savais déjà, en entrant dans
la salle vers 21h15, que je reviendrais la semaine suivante pour suivre le
Récital en entier.
De ce récital, notre revue de presse vous aura donné ass ez de détails pour
que je puisse me consacrer plutôt à vous citer quelques anecdotes.
Si le Club n était pas représenté lors de la première, il le fut par contre
à quatre représentations sur les sept autres et qu’à chaque fois le succès
fut aussi triomphal, la salle aussi pleine et l’ambiance aussi jeune.
Il faisait trop chaud dans le théâtre, le premier samedi soir. Et Charles
Trenet, après trois rappels sur-prolongés, avait fait ses adieux sans « en
chanter une autre ». Dans mon enthousiasme j’avais participé à ces rappels
au point que j’avais les mains brûlantes et endolories lorsque j’ai rejoint
notre poète en coulisse. Il m’a déclaré, de son air de ne pas y toucher : «
On ne devrait pas chauffer les théâtres de cette manière… (long silence)…
D’ailleurs, cela donne chaud d’applaudir. »
Le mercredi suivant, l’auteur de « Tu n’as plus de cœur » recevait des
admirateurs dans sa loge et l’un d’eux lui dit : « C’est merveilleux, une
ass istance aussi nombreuse ! Il faut pourtant venir spécialement, dans ce
quartier excentré… » Et Charles lui répondit : « C’est que je suis moi-même
un peu excentré ! »
Une brave dame fit ensuite signer divers petits cartons en précisant : «
Celui-ci pour Unetelle, c’est ma nièce, elle a douze ans ; celui-ci pour
Unetelle, c’est ma filleule, elle a quinze ans. » Charles dédicaçait
gentiment. La dame sortit un troisième carton, déjà rempli : « Celui-là,
vous me l’avez signé cet été, à Knokke. » Notre ami le regarda, le prit,
ajouta : « à Bruxelles, le 25 novembre » et le rendit à la dame ravie en
disant, sur un ton de confidence : « Je vous l’ai validé. »
Lors de la représentation de clôture, le 28 novembre, un incident se
produisit au moment même où Charles commençait à chanter « Le jardin
extraordinaire » : une ampoule électrique éclata au-dessus de la scène et
ses débris brûlants tombèrent sur Freddy Lienhart. Ce dernier arrêta de
jouer, le temps d’en débarrasser son piano, tandis que Charles continuait
de chanter, imperturbable, jetant seulement un rapide regard sur sa droite
pour voir ce qui s’était passé. Sans perdre son sang-froid, tandis que
Freddy, pas ravi, le rattrapait, il improvisait déjà en remplaçant le vers
des grenouilles par « des petites ampoules sautaient » et finissait en
déclamant : « dans la clarté lunaire du jardin privé de lumière. » Après
quoi, il conclut : « Ce gag-là, nous avons passé tout l’après-midi à le
répéter. » Et beaucoup de spectateurs l’ont cru.
Duncker
Posté le 24/8/2014 à 15:49
Cette émission est passée en janvier 1965 à la RTB dans la série « Face au
public » (Annonce LE SOIR)- trois quarts d’heure en compagnie du toujours
fou chantant – 13 chansons figurent ce soir au programme du premier Charles
de la chanson dont TOI MA PAUVRE CHANSON, BONSOIR JOLIE MADAME, LES
RELATIONS MONDAINES…
Ces images ont été reprises dans l’émission LA SAGA DE LA CHANSON FRANÇAISE
diffusée sur RTBF en 1988 et par TV5 le 12 juin 1994.
Un article paru dans LE SOIR signé aux initiales R.P. :
PREMIERE AU « 140 » : CHARLES TRENET
Charles Trenet a présenté son récital à Bruxelles du 21 au 28 novembre
1964. L’article qui suit rend compte de la Première. Extrait du « SOIR » du
22 novembre 1964.
A 51 ans. Charles Trenet este resté le délicat poète, chantant avec tact,
sensibilité et humour les hommes et les choses de la vie et du rythme, dont
l’éclosion, voici 26 ou 27 ans, apporta un souffle d’air frais dans le
domaine de la chanson française.
C’est devenu un lieu commun que de dire qu’il fut le grand rénovateur de
celle-ci et que, peut-être, il n’y aurait pas eu Brassens, Léo Ferré,
Jacques Brel s’il n’y avait pas eu Charles Trenet.
Aussi bien n’y reviendrons-nous pas. Mais ce qu’il faut bien dire, c’est
que la rentrée bruxelloise de Charles Trenet s’est soldée par un véritable
triomphe lequel, et c’est là qu’il prend toute sa signification, fut le
fait non seulement de ceux pour qui, depuis 5 lustres, il reste un maître,
mais aussi de beaucoup de jeunes auxquels le rock et le yé-yé n’ont pas
faussé le jugement.
A dire vrai, pendant quelques minutes, nous avons craint personnellement de
ne pas retrouver le Trenet de nos souvenirs. Dans son complet bleu piqué
d’un œillet rouge à la boutonnière, il nous paraissait, brusquement, devenu
trop sage. Et on l’applaudissait, bien sûr, parce qu’on appréciait tout
autant les nouveautés que les anciens succès, trouvant, dans les unes et
les autres, la marque de l’authentique poète qu’est l’auteur. Mais le
contact, capital dans un « one man show » ne s’établissait pas entre
l’interprète et la salle au niveau où on l’aurait voulu.
Et puis, brusquement, le déclic se produisit. Charles Trenet venait
d’entamer LA FAMILLE MUSICIENNE. Et tout à coup ses pommettes
s’enfiévrèrent, son œil retrouva tout son éclat, son sourire s’accentua. On
eut envie de fredonner tandis qu’il chantait. Après avoir eu un peu peur,
on retrouvait exactement le Charles Trenet que l’on aimait.
Dès lors, la soirée, qui ne faisait que commencer, car finalement porté par
les applaudissements, il interpréta 33 chansons – fut véritablement
triomphale.
Chaque nouveau titre – LES COUPEURS DE BOIS, OU SONT-ILS DONC, KANGOUROU,
était accueilli par des « ah » de satisfaction ; chaque accord final se
prolongeait par d’interminables ovations.
Et, planté au milieu de la scène, le fou chantant – un peu moins fou bien
sûr – mais radieux comme jamais peut-être il ne fut, enchaînait J’AI TA
MAIN, BOUM, LE SOLEIL ET LA LUNE.
Vous qui, demain, irez, vous aussi, applaudir Charles Trenet – car vous
devez y aller – sachez que vous l’entendrez encore dans LES VOIX DU CIEL,
UNE NOIX, LE PIANO DE LA PLAGE, L’HERITAGE INFERNAL MAMZELLE CLIO, QUE
RESTE-T-IL DE NOS AMOURS, LE JARDIN EXTRAORDINAIRE, LA CIGALE ET LA FOURMI,
L’AME DES POETES, LA ROUTE ENCHANTEE, Y A D’LA JOIE, DOUCE FRANCE, LA MER,
JE CHANTE… parfaitement accompagné par un trio composé du pianiste Freddy
Lienhart et de nos compatriotes Marcel Mortier à la guitare et Paul Dubois
à la contrebasse.
Le seul regret que l’on emporte de la soirée est de ne pas avoir entendu
telle chanson, et telle autre… et encore telle autre. Mais il faut bien
faire un choix. Et quand, comme c’est le cas pour Charles Trenet, on a créé
des dizaines et des dizaines d’œuvres qui sont toujours sur toutes les
lèvres, ce choix doit déjà être un véritable casse-tête…
Je retrouve dans le Journal des Amis de Charles Trenet, un reportage de
Jean Séraphin qui fut présent à cette série de récitals au Théâtre 140 à
Bruxelles et que je vous livrerai sous peu. A suivre donc…
Dominic
Posté le 6/8/2014 à 10:00
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